Des larmes dans les yeux et la joie dans le coeur

Cette semaine j’entendais une interview de Myriam Peretz, récipendaire du Prix Israel pour son travail dans l’éducation. Myriam Perez a perdu deux de ses fils, Eliraz et Uriel, au combat. Et ces jours-ci le fils d’Eliraz s’est engagé dans Tsahal, dans les Golani comme son père, alors qu’en tant qu’orphelin d’un combattant, il aurait pu se contenter d’un poste administratif dans l’armée.

(Eliraz et son fils Or Hadash, photo Aroutz 14)


Dans son interview, elle cite cette phrase qui nous caractérise tous: nous vivons, des larmes d’amertume dans les yeux et le coeur joyeux עין במר בםכה ולב שמח (Ayin bemar bokha velev samea’h).

Comment pouvons-nous en effet nous réjouir cette année?
Comment pouvons-nous souhaiter Pessa’h Samea’h, parler de la liberté alors que nous avons encore plus d’une centaine d’otages dont nous ne savons rien sauf que les barbares qui les détiennent les torturent tous les jours?

(table de Pessa’h au kibboutz Nir Oz)

Comment ne pas penser à leurs familles au coeur tordu d’angoisse et comment ne pas penser à ceux qui ont déjà appris qu’il ne leur servait à rien d’espérer.
Comment se réjouir alors que plus de 400 orphelins ne pourront pas chanter à leurs parents: Ma nishtana*?
Comment les parents endeuillés pourront-ils, comme le veut la tradition, raconter à leurs enfants la sortie d’Egypte* alors que leur place à table restera vide?
Comment se réjouir alors que nous avons des centaines de morts et plusieurs milliers de blessés? Vous voyez sans doute ces films où de jeunes blessés courageaux sourient ou marchent dans les couloirs d’hopital sous les applaudissements des soignants, mais il y a ceux qu’on ne filme pas comme ce jeune soldat à qui mon fils est allé rendre visite à l’hôpital Tel Hashomer: il a perdu ses deux jambes et un bras, et il n’a plus qu’une demi-main.
Comment se réjouir alors que les habitants de Otef Aza se retrouvent face à leur maison détruite et que les évacués du nord, encore exilés du fait des bombardements du ‘Hezbollah, passeront la fête loin de chez eux?

Les habitants des kibboutz de Otef Aza ont répondu à cette question, ainsi que le rapporte la journaliste Sivan Rahav-Meir:
Une des familles d’otages m’a dit «Nous avons entendu que certains se demandent: comment est- il possible de célébrer Pessa’h cette année? Nous leur disons: Comment est-il possible de ne pas célébrer Pessah cette année ? Notre présence à la table du Seder est le plus grand cri, זעקה גדולה (Zaaka guedola) semblable à celui que le peuple poussa en Egypte...
Le jour de Sim’hat Thora, le jour du massacre, nous avons compris ce verset de la Haggadah בכל דור ודור קמים עלינו לכלותנו (Bekhol dor vador kamim aleinou lekalotenou) à chaque génération, ils se lèvent pour nous détruire et maintenant, nos otages nous font comprendre ce que signifie בני חורין (benei horin), les fils de la liberté.

David Yelin du kiboutz Beeri a écrit dans une nouvelle Haggadah publiée cette année, Haggadat hatikva, la Haggadah de l’espoir:
Dans la Haggadah il est écrit que le peuple d’Israel est sorti de l’esclavage vers la délivrance. Nous tous, de Otef Aza, de Sderot, d’Ofakim, nous qui avons survécu à l’attaque du 7 octobre, nous ressentons cette année que nous sommes sortis de l’obscurité vers la lumière. Depuis des milliers d’années nous lisons cette histoire et la transmettons à nos enfants, de génération en génération. Ce que nous avons vécu cette année nous rappelle l’évènement biblique dont se souviendront les prochaines générations et le prendront comme exemple de la sortie de la nuit vers la lumière.
L’obscurité est devenue lumière grâce à tous ces héros, civils ou soldats, qui nous ont protégés de leur corps dans nos abris alors qu’au dehors continuaient les massacres et les combats. Si nous continuons à être unis comme nous le sommes aujourd’hui, celui qui voudra nous exterminer ne le pourra pas. Savoir que notre survie est entre nos mains m’apporte beaucoup d’espoir.


Nous pouvons célébrer cette fête de la liberté, חג החרות (‘Hag ha’herout) parce que justement maintenant, et malgré les vociférations d’une extrême gauche bruyante mais très minoritaire, nous vivons cette année des jours de mobilisation nationale sans précédent, d’unité et de destin partagés, de sentiments de reconnaissance pour ces centaines de milliers de réservistes, pour ces combattants qui font preuve d’héroïsme et d’abnégation, pour tous ceux qui portent demain sur leurs épaules, l’espoir que tout cela n’a pas été vain.
Le petit-fils de Myriam Perez se nomme אור חדש, Or Hadash, nouvelle lumière. La bénédiction paternelle que chaque soldat reçoit à son arrivée au Bakoum*, lui a été donnée par le général Yaniv Assor, sous le commandement duquel son père Eliraz avait servi.

Je vous souhaite une joyeuse fête de Pessa’h

חג פסח שמח

A bientôt,

*Myriam Peretz:
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2018/03/18/choisis-la-vie-et-tu-vivras-alors-toi-et-ta-posterite/

*Tu raconteras a tes enfants:
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2013/03/21/et-vous-raconterez-a-vos-enfants-3/

*Ma nishtana:
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2018/03/30/en-quoi-cette-nuit-est-elle-differente-des-autres-nuits/

*Bakoum: acronyme de בסיס קליטה ומיון (Basis klita vemiyoun), base d’incorporation et de tri. C’est la base où arrivent les nouvelles recrues avant d’être incorporées dans leur unité

La ligne de confrontation – קו העימות

Il y a quelques années, je publiais un article intitulé Le Nord*.
Le Nord, la Galilée et le Golan sont habituellement synonymes de vacances, de verdure, d’eau.



Autrefois, les touristes photographiaient la bonne frontière הגדר הטובה (hagader hatova) la frontière entre Israel et le Liban, qui serpentait dans les forêts de pins sur 130 km. La petite ville de Metula était un passage pour les marchandises, travailleurs frontaliers libanais, mais aussi pour les malades. Environ un tiers des patients hospitalisés dans les hôpitaux de Galilée étaient des Libanais qui traversaient la frontière pour être soignés gratuitement dans nos hôpitaux.

(La bonne frontière à Metula)

Il est vrai que tout n’était pas parfait. Tout le monde se souvient des attentats de Maalot, de Nahariya, des infiltrations ici et là, mais tant que le sud du Liban était gouverné par les chrétiens maronites, les habitants de la Galilée connaissaient une paix relative. Cela dura jusqu’en 2000, jusqu’à ce qu’Israel se retire du Sud Liban et que le ‘Hezbollah prenne le contrôle de la zone, après avoir tué ou fait fuir presque tous les chrétiens libanais de la région.

Malgré tout, et malgré la disparition de la bonne frontière, la région restait assez calme bien que ces dernières années, le ‘Hezbollah multipliât les provocations:
Déjà avant le 7 octobre, les habitants du nord se plaignaient de graves problèmes de sécurité tels que l’infiltration de drones envoyés pour recueillir des informations, celles de soi-disant bergers égarés. Ils entendaient aussi des bruits d’excavation de tunnels et l’armée savait que le ‘Hezbollah consolidait ses positions, construisait des bunkers et tours d’observation, acheminait des armes tandis que nous essayions de détruire les convois d’armes qui arrivaient depuis l’autoroute chiite*.

Mais, depuis le 7 octobre, la situation s’est beaucoup déteriorée: le ‘Hezbollah tire quotidiennement sur le territoire israélien des dizaines de missiles et toute notre zone frontalière avec le Liban et la Syrie sur une profondeur d’une dizaine de km est devenu zone de confrontation.
Ceci impacte la vie de 250 000 habitants juifs, musulmans, chrétiens et druzes qui vivent dans les localités frontalières. Dans cette zone de confrontation, les espaces publics sont mal protégés. Les institutions telles que les écoles, les jardins d’enfants, les cliniques, les maisons de retraite, les centres de jeunesse et bien d’autres encore n’ont pas suffisamment d’abris. De tout manière, les habitants du nord n’ont en général pas le temps d’y arriver, car à partir du moment où la sirène retentit, c’est déjà trop tard.

Sur cette carte de tout le territoire israélien:
En rouge toute la région frontalière: le nord de la Galilée et le Golan. Les civils doivent trouver un abri immédiatement.
En jaune: la Galilée, la région de Akko (Saint-Jean D’Acre), Carmiel et Tsfat où fut tuée Omer Bengio*: 30 sc pour trouver un abri avant l’impact du missile.
En beige: la région du Carmel depuis la mer, d’Emek Yizreel jusqu’à Tibériade et le nord de la vallée du Jourdain: 60 secondes pour trouver un abri avant l’impact du missile.
En orange: la région du Sharon, de la plaine centrale et de la Samarie: 2 minutes pour trouver un abri avant l’impact du missile.
En orange foncé: la région de Jerusalem et le Neguev: 3 minutes pour trouver un abri avant l’impact du missile.
Dans la partie au sud-ouest de la carte, on voit que selon les couleurs, les habitants ont entre 15 a 60 secondes pour trouver un abri.


C’est pour cette raison que Tsahal a décidé de mettre à l’abri près de 100 000 des habitants du Nord en les évacuant vers le centre du pays, habitants qui ne retourneront pas de sitôt chez eux. Ne restent que ceux qui ne peuvent pas faire autrement: des agriculteurs, des éleveurs qui ne veulent pas abandonner leurs animaux, des volontaires des kitot konenout*.
Ici au kibboutz Manara:



Le ‘Hezbollah n’est que l’un des bras armés de l’Iran.
Depuis des années l’Iran tisse patiemment sa toile, entourant Israel de ses proxies qu’elle finance, arme et entraîne. Depuis que les USA se sont retirés de la région, l’Iran se voit comme la première puissance régionale et construit des alliances pour contrer les accords d’Abraham, qui eux, intéressent l’Egypte, la Jordanie, les Emirats et l’Arabie qui sont des pays sunnites.
Ces proxies sont tous mus par la même idéologie chiite: Leur but est de propager la terreur iranienne contre Israel, l’Occident et certains territoires arabes sunnites.

(En vert, les pays alignés sur la politique de l’Iran. Sur le site les bithonistim)

Or le 7 oct, le ‘Hamas, sunnite, mais financé à la fois par l’Iran et le Qatar, a agressé Israel. Que l’Iran ait été l’initiatrice ou pas de cette attaque – cela se discute – l’Iran n’en a pas moins activé l’ensemble de ses proxies:
– Au Yemen: les Houtis ont 300 000 combattants. Ils possèdent des drones kamikazes, des missiles de croisière et même des missiles balistiques anti-navires qu’ils ont lancé sur Eilat et la région de la Arava. L’un d’eux a même réussi à toucher un bâtiment de la base maritime d’Eilat. Ils s’attaquent aussi aux navires qui naviguent dans le Golfe Persique sans qu’ils aient un lien avec Israel.
– l’Irak est un territoire esssentiel pour l’Iran: c’est là qu’on trouve les milices chiites les plus importantes et les mieux entraînées. Elles se trouvent sous le commandement du groupe Al-Hashad al-Shaabi ou Mobilisation Populaire. Elles rendent compte directement au commandant de la force Al Quds des Gardiens de la Révolution, groupe qui se présente comme l’opposition islamique shiite en Irak.
Leur mission sur place est de combattre les Kurdes, les Arabes sunnites, la présence américaine mais aussi de transférer des armes en Syrie et au Liban.


– En Syrie, les milices pro-iraniennes ont plus de 60 000 combattants. On les trouve en particulier à Damas, Alep et dans le sud du pays. Elles ont conquis un territoire syrien qui forme une ligne continue depuis l’Iran jusqu’aux frontières d’Israel.

(Les soldats des milices chiites en Syrie font le salut nazi. Maariv)

– Au Liban, le ‘Hezbollah est le groupe terroriste le plus dangereux pour Israel dans l’immédiat. Comme nous le répète Hassan Nasrallah, leur guide : Nos missiles peuvent vous toucher depuis Kiriat Shemona jusqu’a Eilat.
Le Hezbollah a plus de 100 000 missiles ainsi que diverses armes ultramodernes. Nasrallah reconnait sans vergogne que l’Iran finance la guerre à Gaza, sur la ligne verte* en Judée-Samarie ainsi bien que dans le Nord.

– La Jordanie n’est pas un proxy de l’Iran. C’est même un pays qui se trouve dans la zone d’influence des USA. Mais, comme je l’écrivais il y a quelques semaines: la Jordanie craint que différents éléments de l’axe de la résistance (c’est à dire les terroristes) déferlent sur son territoire. Les dirigeants jordaniens savent que des milices syriennes et irakiennes, proxies de l’Iran, sont prêtes à y entrer*.
Il y a plus: depuis le 7 octobre, des manifestations de grande ampleur ont lieu quotidiennement.

(Manifestations du 27 octobre 2023 a Aman. Site: https://www.iranintl.com )

Voici ce qu’écrit Benjamin Weinthal* :
La République islamique d’Iran attise un violent mécontentement contre le Royaume hachémite, dans le but de prendre le contrôle de la Jordanie dans le cadre d’un « croissant chiite » élargi. Une nouvelle analyse réalisée en avril par l’Institut de Recherche sur les Médias du Moyen-Orient (MEMRI), basé aux États-Unis, sur les manifestations pro-Hamas dans les rues d’Amman a tiré la sonnette d’alarme sur le role des ambitions islamiques revolutionnaires de l’Iran en Jordanie.

Et selon le rapport rédigé par Ayelet Savyon, directrice du projet d’études MEMRI sur l’Iran:
Ces derniers jours, le grand plan iranien est en train d’émerger – le plan avec lequel le régime révolutionnaire islamique continue malgré les meurtres, lors des frappes aériennes israéliennes, des commandement supérieur de la Force Qods du CGRI en Syrie et au Liban. La prochaine étape de ce plan consiste à renverser le régime en Jordanie, en attaquant Israel depuis l’est tandis qu’Israël est occupé par les forces de résistance soutenues par l’Iran au Liban, en Syrie et à Gaza. Le but politique de ce plan est de contrecarrer le projet saoudo-américain de normalisation avec Israel.

Les bataillons du Hezbollah irakien, soutenus par Téhéran, sont prêts à armer et équiper 12 000 combattants de la résistance islamique en Jordanie, a rapporté samedi l’agence de presse semi-officielle iranienne ISNA.

Ayelet Savyon a ajouté que: la prochaine étape dans la ligne de mire de l’Iran est l’expulsion des forces américaines d’Irak et l’affaiblissement du royaume saoudien et du régime égyptien, alors que l’Iran concrétise sa vision de la révolution islamique 

En ce moment, l’Iran observe le conflit, évalue notre réponse aux attaques du ‘Hezbollah et des Houtis tout en dispatchant son arsenal. Ce qui l’intéresse c’est la vitesse de la réponse israélienne et l’identification de nos points faibles.
Une bonne nouvelle cependant: cette semaine, l’élimination du commandant de la force Al Quds en Syrie et au Liban, Hassan Mahadawi qui se trouvait dans un immeuble voisin du consultat iranien au coeur de Damas, lui a porté un coup dur. Ce faisant, Israel a envoyé un message important en direction de l’Iran, du ‘Hezbollah et aussi du gouvernement libanais, les avertissant qu’en cas de guerre généralisée, le prix à payer sera énorme.
Nul ne sait quelle réplique sera choisie par les Iraniens pour les semaines ou les mois à venir. Vont-ils lancer des attaques massives, mener des opérations terroristes en dehors du territoire israelien? Vont-ils laisser la sitation se détériorer lentement? L’Iran a du temps: son projet d’hégémonie sur le Moyen-Orient était déjà dans les cartons de l’ayatollah Khomeini et l’Iran le réalise patiemment et sûrement et sans même avoir recours à l’arme nucléaire*.

Depuis quelques jours, les automobilistes qui circulent au nord de Haifa ne peuvent plus utiliser leur GPS, ceci pour brouiller les missiles perfectionnés du ‘Hezbollah et le Front Intérieur nous réitère ses recommandations en cas d’attaque du Hezbollah. Le maire de ‘Haifa vient de dire à sa population de se préparer à la guerre.

A bientôt,

*Le Nord:
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2012/08/02/le-nord/

*Omer Benjo:
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2024/02/23/shabbat-shalom-%d7%a9%d7%91%d7%aa-%d7%a9%d7%9c%d7%95%d7%9d-4/

*Kitot konenout: Toutes les municipalités proposent à toute personne qui peut avoir un port d’arme de se joindre aux patrouilles déjà existantes, en particulier dans les villes mixtes.
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2023/12/15/la-violence-des-colons/

*L’autoroute chiite:
https://www.lorientlejour.com/article/1083401/lautoroute-chiite-sera-t-elle-brisee-et-si-oui-par-qui-.html

*La ligne verte:
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2024/01/18/free-palestine-from-the-river-to-the-sea/

*La Jordanie:
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2024/03/13/notre-frontiere-avec-la-jordanie/

*Benjamin Weinthal et Ayelet Savyon:
https://www.iranintl.com/en/202404084424

*L’arme nucléaire iranienne:
https://idsf.org.il/en/studies-en/a-nuclear-iran/

Pourim 2024 Am Israel Haï



Il est écrit dans la Meguila qu’Assuérus décide de faire condamner à mort Haman, son Premier Ministre, lorqu’il apprend que ce dernier veut faire assassiner sa femme, la reine Esther.
Mais Esther sait bien que la mort d’Haman ne résoudra rien car ce n’est pas seulement sa vie qui est en danger de mort mais celle de tous les Juifs de l’empire perse, aussi demande-t-elle ce qui suit au roi:
Si tel est le bon plaisir du roi et si j’ai trouvé grâce devant lui, si la chose paraît convenable au roi et s’il a quelque bienveillance pour moi, qu’on écrive à l’effet de révoquer les lettres, transmettant la pensée d’Aman, fils de Hamedata, l’Agaghite, qui a écrit de perdre les Juifs établis dans toutes les provinces du roi, car comment pourrais-je être témoin de la calamité qui atteindrait mon peuple, et comment pourrais-je être témoin de la ruine de ma nation ? (Esther 8,6)
Malheureusement un ordre royal, un ordre écrit au nom du roi et muni du sceau royal ne peut être annulé.
Il n’est possible que d’écrire un nouvel ordre royal déclarant que: le roi autorisait les Juifs, dans chaque ville, à se rassembler et à défendre leur vie, en exterminant, en tuant et en détruisant tout attroupement de populace qui les attaquerait, y compris les femmes et les enfants, et à faire main basse sur leur butin et cela en un seul et même jour, dans toutes les provinces du roi Assuérus, à savoir le treizième jour du douzième mois, qui est le mois d’Adar, le jour où devait avoir lieu le pogrom.
Cependant, certains des habitants de l’empire attaquent les Juifs, sans doute persuadés qu’ils ne sauraient pas se défendre.
Mais… le douzième mois, qui est le mois d’Adar, le treizième jour du mois, où l’exécution de l’ordre du roi et de son édit venaient à échéance le jour même où les ennemis des Juifs avaient espéré prendre le dessus sur eux ce fut le contraire qui eut lieu, les Juifs allant, eux, prendre le dessus sur ceux qui les haïssaient. Les Juifs se rassemblèrent dans leurs villes respectives, sur toute l’étendue des provinces du roi Assuérus, pour s’attaquer à ceux qui complotaient leur perte: personne ne leur tint tête, car ils inspiraient de la terreur à tous les peuples.
Les Juifs de l’empire perse venaient de livrer et gagner une bataille sanglante pour leur survie.
Nous sommes dans la même situation aujourd’hui mais cette bataille pour notre survie ne convient pas aux critères d’honorabilité de l’Occident qui accepte les Juifs en pyjamas rayés mais pas en uniforme.
Nous sommes accusés de génocide, nous affamons la population de Gaza, nous violons, brûlons… J’ai même lu ce matin que nous étions derrière l’attentat de la salle de concert à Moscou. Peut importe que ce soit Daesh, nous sommes la puissance maléfique car comme chacun le sait: Nous, les Sages de Sion, nous complotons contre l’humanité toute entière.
Eh bien tant pis! Nous allons continuer parce qu’il s’agit de nous, de notre sécurité et cette de nos enfants et je ne vois personne qui soit volontaire pour le faire à notre place.

Nous n’oublions rien.
Nous n’oublions pas les otages, ces jeunes filles parmi tant d’autres:

Nous n’oublions pas les deux bébés, Ariel et Kfir, kidnappés avec leur mère Shiri

Nous n’oublions pas le carnage, les exactions, l’hypocrisie du monde, nous n’oublions rien, et nous n’oublierons rien. Nous sommes tous en deuil: chaque jour, de nouveaux noms, de nouveaux visages souriants, ceux des soldats tombés pour nous.

(A chaque enterrement militaire, les habitants accueillent le cortège funéraire avec des drapeaux)

Et pourtant cette année, comme chaque année, nous fêterons* Pourim, même si le coeur n’y est pas.
Et même si les festivités sont parfois interrompues par un tir du Hezbollah, comme c’est la cas aujourd’hui sur le Golan :

(Aujourd’hui, une alerte sur le Golan. La population se couche pour se protéger en entendant les sirènes d’alerte.)

Le groupe Hatikva 6 a sorti une nouvelle chanson: Un peuple de super-héros:

Aujourd’hui, le professeur de Tanakh sert dans les Guivati* et celle de littérature dans les renseignements.
Le voisin du dessus est un entrepreneur en construction mais il est déjà réserviste depuis un mois.
L’ avocate est officier des opérations, responsable de sa division, et son frère dans la high-tech est maintenant tireur d’élite sur les toits à Gaza.
La directrice coriace de la banque est sergent en Judée-Samarie et Doron du magasin de jouets dirige un bataillon dans les tanks.
Et notre Amedi*, connu pour ses concerts à Cesarée est aussi un soldat du génie qui se rétablit apres avoir été gravement blessé à Gaza
C’est vrai que nous avons tous l’air normaux, mais nous sommes une nation de super-héros
Il y a toujours un soldat qui se cache en chacun d’entre nous, prêt à sauver le monde…

Le chauffeur de bus de Dan*, celui qui est toujours à l’heure, commande désormais une batterie d’artillerie dans le sud, près de Nir Am.
L’étudiant du Technion sorti de ses études est capitaine de réserve depuis un mois sur la frontière nord.
On trouve un mannquin devenue secouriste, un électricien devenu entraineur de tir

Et Yoni, un saxophoniste, doué qui est avant tout membre de la sayeret matkal*.

Chacun d’entre nous camoufle un uniforme dans un coffre au fond d’une armoire,
Une cape de super-héros en réserve,
Toujours prêts à relever un défi, peut importe que nous soyons au milieu de la vie
Ou au milieu d’un match de football,
Nous lâcherons tout en une
seconde si le drapeau nous appelle
Ce n’est pas un univers parallèle ou une réalité Marvel*
C’est notre histoire, celle du peuple d’Israel

Pourim Samea’h
פורים שמח

A bientôt,

*Guivati: l’unité d’élite Guivati combat dans le sud du pays

*Dan: il s’agit de la compagnie d’autobus Dan

*Sayeret Matkal: Un des commandos les plus célèbres d’Israel

*Amedi: il s’agit du chanteur Idan Amedi

*Marvel: principale maison d’édition de bandes dessinées américaines

*A Jerusalem, nous celebrons le Shoushan Pourim, ou Pourim de Suze, capitale de la Perse à l’époque de la reine Esther .La Méguila (Esther 9:20-22) rapporte que les Juifs l’emportèrent sur leurs ennemis le 13 du mois d’Adar. Le 14 ils festoyèrent pour célébrer leur victoire. Mais à Suse, la capitale, la bataille dura une journée de plus et la fête ne fut célébrée que le 15 Adar. Quand les Sages instituèrent Pourim, ils prirent en compte le fait que Suse était une ville fortifiée, et introduisirent la stipulation suivante: bien que la plupart des villes célèbrent Pourim le 14 Adar, les villes entourées de murailles depuis l’époque de Josué doivent célébrer « Shoushan Pourim » le 15 Adar. Il semble que la seule ville que l’on peut véritablement définir comme « entourée de murailles » depuis l’époque de Josué soit Jérusalem. (aish.com)



Les Juifs devraient avoir peur…

C’est ce qu’a affirmé Nadera Shalhoub-Kevorkian, professeur de droit et de criminologie à l’Université Hébraïque de Jerusalem:
Elle a expliqué à quel point les Israéliens ont peur lorsqu’ils passent à côté d’elle alors qu’elle parle en arabe au téléphone. Ils ont peur et ils devraient avoir peur, car les criminels ont toujours peur, a-t-elle déclaré, ajoutant qu’ils ne peuvent pas s’approprier mes terres, ils ne peuvent pas déplacer mon peuple, ils ne peuvent pas tuer et ne pas être tués. Ils ont peur. Alors qu’ils aient peur!
Nadera Shalhoub-Kevorkian est une israélienne d’origine arménienne. Née à Haifa elle enseigne depuis des années le droit et la criminologie à l’Université Hébraïque de Jerusalem. Elle multiplie les déclarations antisémites depuis le 7 octobre.
Déjà à ce moment là, elle avait accusé Israel de génocide dans une pétition le 17 octobre alors qu’Israel n’était pas encore rentré en guerre.
Elle a déclaré plus tard qu’il est temps d’abolir le sionisme. Pour elle le sionisme est inacceptable car il est criminel:
Ce n’est qu’en abolissant le sionisme que nous pourrons continuerLes sionistes ont déjà utilisé et utiliseront n’importe quel mensonge, ils ont commencé avec des bébés, ils ont continué avec des viols, ils continueront avec un million d’autres mensonges, nous avons arrêté d’y croire, j’espère que le monde arrêtera d’y croire.

Sa pétition du mois d’octobre, où elle accusait déjà Israel de génocide, lui avait valu un avertissement dans lequel l’Université lui conseillait tout simplement de démissionner.
Malheureusement cette demande très policée de l’Université Hébraïque l’a laissé de marbre. Nadera Shalhoub-Kevorkian a multiplié les interviews. Ainsi cette vidéo sur un chaîne Youtube, tenue par trois frères americano-libanais qui l’écoutent avec délice déverser sa haine mensongère et l’aiguillent de leurs questions toutes aussi haineuses. On a l’impression d’assister à une monstrueuse pièce de théatre où chaque acteur fait rebondir le texte de l’autre.
La vidéo de son intervention sur la chaine Maksidi street circule dans tous les journaux en hébreu, en voici la version en anglais.


Pour elle, les choses sont claires:
L’occupation sioniste n’a pas commencé en 1967 mais en 1948 et concerne tout le territoire israélien. En cela, elle ne fait que répéter ce que dit non seulement le ‘Hamas mais toutes les organisations palestiniennes, y compris l’Autorité Palestinienne. Elle parle par exemple de la ville de ‘Haifa où aurait été arrêté un étudiant palestinien (à qui elle retire de facto sa nationalité israélienne) simplement parce qu’il avait écrit quelque chose de non conforme.
Si seulement c’était vrai! Il faudrait alors arrêter une bonne partie des étudiants arabes israéliens qui n’hésitent pas à arracher les photos des otages ou qui lancent des insultes et menacent les étudiants juifs qui osent leur tenir tête. Ma fille m’a raconté comment lors d’une manifestation à l’Université, une jeune femme, qui pleurait et disait : Mais ma soeur a été assassinée, s’est faite insultée.

Donc selon les propos de Nadera Shalhoub-Kevorkian, nous génocidons non seulement à Gaza mais partout en Israel. Elle-même vit un genocide. La violence contre les Arabes serait systématique et quotidienne à l’Université nous dit-elle. Il est intéressant de noter par ailleurs qu’elle ne prononce jamais le nom de cette université qui l’emploie et la remunère largement.

Dans son interview, elle nous attribue systématiquement ce que les terroristes du Hamas ont fait le 7 octobre: A Gaza, dit-elle, les gens meurent sous les bombes, les femmes sont violées et les bébés brûlés. Nous kidnappons les corps des Palestiniens que nous tuons etc.
Nous voudrions judaïser le pays et jeter les Arabes à la mer, une facon d’inverser le slogan arabe: De la rivière à la mer qui est notre condamation à mort.
Elle donne comme exemple les rapports de l’ONU affirmant que des hommes aussi ont été violés. C’est vrai, mais en fait il s’agit des Juifs et non pas des Palestiniens. Les victimes juives deviennent des victimes arabes et peu importe tous les documents filmés par les terroristes eux-même témoignant du contraire.
Comme elle ne peut pas donner de preuve, elle crée volontairement la confusion et mélange astucieusement les sujets: politiques, démographiques ou autres.
D’un point de vue purement académique son discours est d’un niveau très en deça de que l’on peut attendre d’un professeur d’université et n’est étayé en rien. Mais semble t-il cela lui importe peu, car ce qui compte c’est l’emploi constant répété des expressions sionistes violents, colons violents, expressions accouplées avec les mots génocide, viols, tortures, bébés brûlés…
Ces mantras s’adressent essentiellement aux Occidentaux (d’origine arabe ou non), car ici, comme je l’ai écrit dans mon article sur l’UNRWA*, les enfants palestiniens sont déjà biberonnés à la haine des Juifs dès leur plus jeune âge. Ses mantras sont efficaces car les trois idiots* de la chaine Maksidi street sont tous professeurs d’Université, le premier à Berkeley, le second à UCLA et le troisième à Tufts (Boston).
Je suis parfois surprise de cette haine antijuive qui touche les couches les plus éduquées des populations occidentales. Mais en entendant certains intellectuels occidentaux, je me surprends à penser que leurs réactions relèvent d’un happening: enfin on va pouvoir discriminer des Juifs! C’est en quelque sorte un désir de fête pogromiste qui était restée latent dans tant d’esprits soi-disant éclairés tous unis dans leur lutte contre un nécro-capitalisme juif.
Nous sommes victimes de nos idées humanistes: les idéaux du siècle des Lumières nous ont caché une réalité: l’éducation n’a jamais empêché la barbarie.
Nous aurions dû le comprendre après la Shoah: la plupart des dirigeants nazis étaient des universitaires.

Le tollé provoqué par cette dernière vidéo a obligé l’Université Hébraique à réagir. Celle-ci a déclaré:
Depuis le début de la guerre, le professeur Shalhoub-Kevorkian s’est exprimé de manière honteuse, antisioniste et incendiaireDéjà, le 29 octobre, Le Président de l’Université lui avait suggéré d’envisager de quitter son poste. Madame Shalhoub-Kevorkian n’a pas répondu à la demande et continue de jouir de la réputation de notre magnifique institution, tout en nous embarrassant au niveau israélien et international.
L’Université Hébraïque est fière d’être une institution israélienne, publique et sioniste, et condamne avec dégoût ces déclarations choquantes et scandaleuses. Comme par le passé, les dirigeants de l’Université réitèrent leur appel au professeur Shalhoub-Kevorkian pour qu’elle trouve une autre université, un foyer compatible avec ses fonctions. À ce stade, et afin de maintenir un climat sécuritaire sur le campus pour le bénéfice de nos étudiants, l’Université a décidé de la suspendre de l’enseignement. Elle a également averti que les propos du professeur Nadera Shalhoub-Kevorkian pourraient nuire à la réputation de l’Université et à sa capacité à servir d’espace de dialogue et de recherche universitaire libre et respectueuse ».
Le ministre de l’Education Yoav Kish et la député Sharen Haskel ont exprimé leur inquiétude face à cette conduite. Ils ont demandé à l’administration de l’Université d’examiner clairement la situation et de statuer sur l’emploi de Nadera Shalhoub-Kevorkian et d’établir une politique claire concernant les déclarations du personnel de l’académie sur les questions de guerre, ainsi que les démentis de le massacre du 7 octobre. L’Université est une institution dont le but est de promouvoir la pensée critique, la liberté d’expression et le développement académique. Cependant, il est important de rappeler que ces droits s’accompagnent d’une obligation de responsabilité et de respect mutuel, ont-t-ils conclu.
Les mensonges de Madame Shalhoub-Kevorkian, dans lesquels elle affirmait qu’Israel commet un génocide à Gaza et qu’il est temps d’abolir le sionisme, non seulement violent les frontières universitaires, mais créent également un environnement académique chargé et hostile envers les étudiants et surtout envers ceux qui sont à l’armée. Ses propos, qualifiant les citoyens israéliens de criminels et affirmant qu’ils devraient avoir peur, suscitent une grande inquiétude et constituent une grave violation des normes éthiques et professionnelles sur lesquelles repose la communauté universitaire, a ajouté Sharen Haskel. 

L’Université pour le moment a suspendu Nadera Shalhoub-Kevorkian pour une période de 6 mois, 6 mois! En fait, l’Université lui a offert 6 mois de vacances puisque pendant cette période elle continuera à percevoir sa rémunération.

En Israel, les universitaires sont frileux comme partout ailleurs:
J’ai appris que certains membres du corps professoral et chercheurs de l’Université Hébraïque, à l’initiative du professeur Barak Medina, ancien recteur de l’Université hébraïque, ont envoyé, il y a quelques jours, une lettre aux dirigeants de l’institution universitaire, dans laquelle ils les appellent à révoquer la suspension de l’enseignement du professeur Nadera Shalhoub-Kevorkian*.  
Dans une lettre envoyée au professeur Asher Cohen, Président de l’Université, au Recteur actuel le professeur Tamir Sheffer, aux doyens de la faculté de droit et de travail social où enseignait Madame Shalhoub-Kevorkian, il est indiqué que bien qu’ils la condamnent :
Nous croyions alors et nous croyons aujourd’hui que la seule réponse admissible à ces paroles est de les condamner et de s’en retirer.
Selon eux, la décision de suspendre le professeur qui a nié les atrocités est problématique à plusieurs égards:
La première est que la direction de l’Université, y compris le Président et le Recteur ou les Doyens, n’a pas le pouvoir d’imposer des sanctions aux professeurs, y compris d’ordonner la suspension temporaire d’un professeur, comme le précise le règlement.
Deuxièmement, d’un point de vue matériel, nous pensons que les propos prononcés par le professeur Shalhoub-Kevorkian dans l’interview n’incitent pas à la violence, au terrorisme ou au racisme, et qu’ils ne présentent aucun danger, ont-ils déclaré… Les positions du professeur Shalhoub-Kevorkian sont scandaleuses, mais elles ne contiennent aucune violation de la loi, et il n’y a aucun soutien, explicite ou implicite, à la violence ou aux actes horribles du Hamas, ont-ils ajouté, soulignant que en conséquence, nous pensons qu’il n’y a aucun fondement à la déclaration du Président et du Recteur, selon laquelle la suspension est nécessaire afin de maintenir un climat sûr sur le campus pour le bénéfice des étudiants et étudiantes… 
Les paroles du professeur Shalhoub-Kevorkian n’ont pas été prononcées en classe ou sur le campus, et dans l’interview, elle n’est pas présentée comme membre du corps professoral de l’Université Hébraïque, et ses paroles ne s’adressaient pas aux étudiants ou aux étudiants de l’Université. On ne connaît aucun incident survenu pendant tout le semestre, aucun cas dans lequel un étudiant s’est senti menacé par le professeur Shalhoub-Kevorkian ou en danger...
Les propos du professeur Shalhoub-Kevorkian, que nous désapprouvons fortement, ne vont pas au-delà de ce qui est autorisé selon ces lignes directrices et selon les principes fondamentaux de la liberté académique et de la liberté d’expression en général .
Sont-ils complètement hors-sol?
Pas seulement. Ils ont peur: La réaction de l’administration universitaire devrait sérieusement nuire à la position de l’université. Selon le professeur Shalhoub-Kevorkian, cette réaction pourrait intensifier les appels au boycott universitaire international de l’Université et nuire à l’académie israélienne dans son ensemble.
Elle fait donc du chantage!
Les dommages qui pourraient être causés à l’Université Hébraïque et à l’académie israélienne en raison de cette mesure sont incommensurables. Nous devrions réfléchir aux les avantages possibles du maintien d’un « climat sûr » sur le campus, ont-ils noté. Et ils concluent ainsi: Nous appelons la direction de l’université à annuler la décision, rendue sans autorisation, de suspension du professeur Shalhoub-Kevorkian de l’enseignement. La direction doit agir conformément aux instructions du règlement disciplinaire, si elle estime qu’une infraction disciplinaire a été commise ici.
En fait, ils ont peur d’être ostracisés à l’étranger, de ne plus pouvoir envoyer leurs post-doctorants dans les universités américaines ou européennes, de ne plus être invités aux colloques, symposiums et autres.
Ils ont raison d’avoir peur:
Des sanctions ont déjà été infligées par les USA, la France, la Grande-Bretagne et l’U.E. à quelques dizaines de colons violents qui n’ont jamais eu maille à partir avec la justice. Leurs comptes bancaires ont été bloqués. Or ces colons violents, dont le seul tort est d’habiter en Judée-Samarie, ne sont que des paysans, principales victimes des attentats terroristes . Ils ne sont que des anonymes alors que tous ces יפה נפש (Yefe Nefesh), les belles âmes, ont à défendre leur place et leur notoriété dans le monde universitaire occidental, et tout ce qu’ils ont à perdre les fait trembler.

Nadera Sahloub-Kervorkian diffuse en Occident ses accusations d’apartheid et de génocide sans que personne ne lui fasse remarquer que dans ce pays d’Israel dont elle est citoyenne, elle a pu poursuivre ses études et se hisser au poste honorable de professeur d’université. Sa fille aussi a étudié dans un des lycées israéliens les plus huppés de Jerusalem.
Génocide? Apartheid dites-vous ?

Bien loin de ces délires antisémites et mensongers, il m’a paru intéressant de vous faire entendre ci-dessous une jeune femme musulmane bédouine, Sophia Khalifa, née dans la pauvreté absolue. Elle a pris la parole pour expliquer ce qu’est sa vie en Israel, son rapport avec les Juifs israeliens mais aussi la condition d’une arabe israelienne:


A bientôt,

*L’UNRWA:
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2024/02/21/unrwa/

*Les propriétaires de la chaine Makdisi street sont Saree Makdisi enseignant à l’UCLA, professeur de littérature anglaise du 17 ème et et 19 eme siècle, Oussama Makdisi à Berkeley dans le département d’histoire à UCLA, Karim Makdisi est professeur de sciences politiques à Tufts University et à l’Université américaine de Beyrouth

*Elle a été suspendue pour le premier semestre du moment à partir du moment où elle a donné son interview.
Dernière minute: l’Université a décidé de former un comité pour changer le règlement disciplinaire concernant ses employés. Il ne sera pas rétroactif mais permettra sans doute de sanctionner des propos de telle nature . Pour le moment la suspension (qui n’est donc pas un acte disciplinaire) n’a été prise que parce que les nombreux étudiants refuseraient de rentrer dans ses cours.
Bien que jusqu’à présent je n’ai pas pu vérifier les faits, j’ai compris que ce n’était pas la première fois que cette dame tenait ce genre de propos. Ce qui a changé c’est que nous sommes maintenant en guerre et que de tels propos ne sont plus tolérés.






Pourquoi le Hamas?Brève histoire du califat islamique 9/9

Jean-Claude Haddad,

Ligue arabe ou Califat?

Dans l’Arabie des origines -après le sacre de son souverain en janvier 1927- l’argent du pétrole et l’amitié avec les Etats-Unis vinrent plus tard. Auparavant, il y eut la réconciliation avec l’Angleterre qui fut accompagnée par la reconnaissance du royaume d’Abd el Aziz par le concert des nations.

La découverte, à fleur de désert, de l’or noir par les ingénieurs américains data de 1932 et, dès 1938, l’association arabo-américaine entreprit ses extractions sous une enseigne commune : l ‘Aramco.  

La rencontre du roi arabe avec le Président Roosevelt intervint en février 1945 et elle établit les bases d’une nouvelle coopération. 

Alors qu’Abd-el-Aziz, et les croyants musulmans, appelaient de leurs vœux le rétablissement du Califat, les britanniques, avant même la fin de la seconde guerre mondiale, tentèrent d’unir les Arabes sous une Fédération qui aurait compris en dehors de ses protégés –Irak et Transjordanie- la Palestine, le Liban et la Syrie. Mais les Arabes, échaudés, s’en méfiaient et l’Egypte, rayonnante et incontournable, imposa à la conférence d’Alexandrie, le 22 mars 1945, la création de la Ligue Arabe à laquelle se joignirent le Yémen du Nord et l’Arabie Saoudite. 

Ces états, au nombre de sept, furent à l’origine de la ligue. 

***

A défaut de s’entendre sur le rétablissement du Califat à Médine, car il impliquait la reconnaissance de l’hégémonie naturelle des Saoudiens et un alignement sur leur théorie religieuse,  les pays de la Ligue s’entendirent pour combattre les initiatives de partage de la Palestine. Ainsi, lorsque cette division fut officiellement votée et reconnue par l’Assemblée des Nations Unies –comme un siècle auparavant les nations européennes avaient reconnu les frontières du Liberia, en Afrique- les armées arabes, tombèrent dans le piège de la violence et du refus de reconnaitre une décision internationale.  Transférant leur désaccord sur le point crucial de la foi,  ils fondirent sur l’Etat nouvellement proclamé, comme s’ils entraient en une nouvelle religion. Ainsi, ils bafouaient, les premiers, les décisions des Nations Unies, ouvrant la porte au cycle des désobéissances à la chose votée.  

***

La vague de décolonisation qui suivit libera d’autres pays qui vinrent grossir la Ligue Arabe et celle-ci s’enferma dans son incapacité à aborder la renaissance du Califat. Plus cette impuissance s’accroissait plus son intransigeance vis à vis d’Israël se renforçait.

En effet, les délibérations de la Ligue Arabe n’eurent plus comme soucis que la mise en place d’une collection de moyens pour poursuivre la lutte contre l’ennemi. Blocus économique, course aux armements, discours belliqueux, encouragement à la pénétration de terroristes. Aucun des amis sincères que le monde arabe comptait -et qui avait suivi avec sympathie son mouvement de libération pour s’inscrire dans la modernité en remontant à ses sources- n’arriva à expliquer cette intransigeance destructrice. L’obstination de ces pays qui, tous, avaient inscrit l’Islam en tête de leur constitution hurlait leur incapacité à se fédérer autour d’un nouveau commandeur des croyants qui siégerait, comme les califes bien guidés, à Médine.      

La dualité des « progressistes » –l’Egypte, l’Algérie, la Syrie, l’Irak, le Yémen du nord- envers les états « conservateurs » pour lesquels ils n’étaient prêts à aucune concession fit qu’ils s’enfermèrent dans un cercle inextricable de rancœurs et de déceptions.

Certains observateurs notèrent l’interférence de conseillers flagorneurs qui, ayant pour horizon leur profit immédiat, trouvèrent de leur intérêt d’entretenir cette inimitié. L’intransigeance de la Ligue Arabe et l’empressement des faux amis n’étaient pas sans rapport avec la production de pétrole et celle-ci, depuis 1960, se développait sous l’égide de l’OPEP qui, en dehors du Venezuela, ne comprenait que des pays arabes ou majoritairement musulmans. 

Obsession d’un homme de foi, ambitieux et cruel, lorsqu’il mourut en 1953, l’année de la disparition de Staline, Abdel Aziz Ibn Séoud n’avait pas réussi à ramener dans sa patrie d’origine le Califat. Il avait été mortifié par les déclarations de Mustapha Kemal qui avait eu pour programme de ‘’déraciner du sol de la Turquie nouvelle cet islam figé, devenu néfaste, comme un parasite étouffe une plante saine’’

A sa mort il laissait un pays, riche et uni, aux perspectives de développement sans limite. La manne du pétrole allait pleuvoir sur le Royaume pour le doter des équipements les plus modernes et développer une agriculture qui transformerait lentement le paysage. Il s’avéra que l’alliance conclue avec les dirigeants américains s’adaptait aux aléas de l’évolution du monde et de leurs intérêts réciproques.

Lorsqu’il mourut, seigneur anachronique qui quittait un pays à son nom, l’homme aux vingt femmes laissait après lui une dynastie de trente-quatre héritiers males prêts à lui succéder, et autant de filles, qui allaient composer une famille royale jamais égalée par le nombre, sauf peut-être à l’âge d’or, du temps de la conquête arabe et de l’expansion de l’islam. 

Une famille nombreuse et jalousée –protégée par le cours du Brent- qui ne trouva pas d’arrangement pour imposer l’un des siens à la direction de la prière et qui –rongeant son impatience- se consolait en distribuant une partie de son or dans la diffusion de sa foi. 

….mais l’islam, orphelin, appelait un calife de ses vœux…
Et voilà que le nouveau califat islamique de DAECH avec El Baghdâdi est arrivé!!!

Sans compter tous ses avatars comme le Hamas, le Djihad Islamique, Al Qaida etc...

Bibliographie:

BIBLIOGRAPHIE de Jean-Claude Haddad

Pour ceux qui souhaitent approfondir une question, je conseille, parmi mes sources, quelques volumes:

*Des origines de Rome aux invasions barbares, par M. CHRISTOL & D. NONY, aux éditions Hachette Université,  1974

*Le Proche Orient médiéval, par A.DUCELLIER, M.KAPLAN et B. MARTIN, aux éditions Hachette Université, 1978

*La Méditerranée, et le monde méditerranéen,  2 tomes, par Fernand  BRAUDEL, à la Librairie Armand Colin, 1976 

*Mahomet, par Maurice Gaudefroy-Demombynes aux Editions Albin Michel, 1957 et 1959

*Mohammed, par Renée VIEILLARD,  à la Librairie Maloine – Paris 1962

*Mahomet, par Maxime RODINSON, éd.du Seuil 1968 

*Le mémorial des siècles, par Gérard WALTER, aux éditions Albin-Michel :      

*Mahomet, par Francesco GABRIELI, (1965)

*Les Arabes, d’hier à demain, par Jacques BERQUE, aux éditions du Seuil, 1960

*L’Islam dans le Monde,   par Artur PELLEGIN, chez Payot-Paris 1937

*L’expansion musulmane, par Robert MANTRAN, aux PUF, 1979

*Histoire du Royaume Latin de Jérusalem, 2 tomes,  par Joshua PRAWER, éditions du  CNRS, 1975

*Histoire des Croisades, par Jean RICHARD, chez Arthème Fayard, 1996

*Le mémorial des siècles, par Gérard WALTER, aux éditions Albin-Michel :      

*La conquête de la Terre Sainte par les Croisés, par le duc de Castries(1973)

*La découverte de l’Amérique,  par Christophe COLOMB, aux  éditions La découverte 1979
tome 1: journal de bord (1492-1493) 
tome 2: Relations de voyage   (1493-1504)

*Christophe Colomb Juif, par Sarah LEIBOVICI, éd. Maisonneuve et Larose, 1986

*Très brève relation de la destruction des Indes, par B. de LAS CASAS, éd. François Maspero, 1979

*Histoire de l’Empire Ottoman, publié sous la direction de Robert MANTRAN, chez Arthème Fayard, 1989

*Soliman le Magnifique, par André CLOT, à la Librairie Arthème Fayard, 1983

*Dans l’Empire de Soliman le Magnifique, par Nicolas de NICOLAY, Presses du CNRS, 1989

*Les ambassades de Moustapha Réchid Pacha à Paris, par Bayram KODAMAN, aux  imprimerie de la société turque d’histoire, 1991.

*La fin de L’Empire Ottoman, par J-P GARNIER, à la Librairie Plon, 1973

*Mustapha Kémal, par BENOIST-MECHIN, aux éditions Albin-Michel, 1954

*Voyage de L’Afrique du Nord à La Mecque au XIV ème siècle, par IBN BATTÛTA, aux  éditions La Découverte, 1982.

*Le Maghreb avant la prise d’Alger, par Lucette VALENSI, Flammarion, 1969 

*Voyages dans les Régences de Tunis et d’Alger, par J-A PEYSSONNEL, éd. La Découverte, 1987

*La Berbérie, l’Islam et la France, 2 tomes,  par Eugène GUERNIER, Editions Union Française  1950

*Tunis au XVIIème siècle, par Paul SEBAG, éd. L’Harmattan, 1989

*Le monde arabe et les Juifs, 2 tomes,  par Ibrahim Amin GHALI, éd. Cujas, 1972

*Ibn-Séoud, par BENOIST-MECHIN, aux éditions Albin-Michel, 1955

*Juifs et Arabes, 3000 ans d’histoire, par J-P ALEM, éd. Bernard Grasset, 1968

*La traite des noirs à travers l’Atlantique, par James POPE-HENNESSY, chez Arthème Fayard, 1969

*Les routes de Compostelle, par Denise PERICARD-MEA, aux éditions Jean-Paul GISSEROT, 2002

*Le radeau de Mahomet, par J-P PERONCEL-HUGOZ, éd. Lieu Commun 1983

*La course et la piraterie en Méditerranée, par René COULET du GARD, éd. France-Empire, 1980

*Les Grandes Découvertes, d’Alexandre à Magellan, par Jean FAVIER, chez Arthème Fayard, 1991 

*Le printemps des peuples, Ouvrage collectif dirigé par François FEJTO, aux éditions de Minuit, 1948.

*Survol de l’Histoire du Monde, par René SEDILLOT, chez Arthème Fayard, 1949

*Panorama de l’Histoire Universelle, par J-H PIRENNE, ed. La Baconnière, 1963

*Introduction à l’histoire de notre temps, 3 tomes, par René RAYMOND, aux éditions du Seuil, 1974

*Histoire des colonisations, par Marc FERRO, aux éditions du Seuil, 1994

*Rome et le Moyen-âge, par MALET, ISAAC & ALBA, librairie Hachette, 1958

*L’âge classique, par MALET, ISAAC & ALBA, librairie Hachette, 1959

*Les Révolutions, par ALBA, ISAAC, MICHAUD& POUTHAS, librairie Hachette, 1960.

*La naissance du monde moderne, ALBA, BONIFACIO, ISAAC, MICHAUD & POUTHAS, à la Librairie Hachette, 1961

*L’Europe et l’Orient, par Georges CORM, éditions La Découverte, 1989

*Atlas des peuples d’Orient, par A.et J. SELLIER, éd. La Découverte & Syros, 2002

*La découverte de la terre, par Sylvain LABOUREUR, Librairie Larousse 1978

*Bismarck, par Henry Valloton, à la Librairie Arthème Fayard, 1961

Notre frontière avec la Jordanie

Notre frontière avec la Jordanie se trouve à l’est du pays. Elle est longue de 482 km.
Elle part du Nord, des derniers kilomètres du cours de la rivière Yarmouk jusqu’à sa confluence avec le Jourdain, puis longe le parcours de ce fleuve sur une vingtaine de kilomètres en bordant le plateau du Golan, fraye son chemin entre, à l’ouest les collines de Samarie et à l’est, le plateau du Golan, arrive au Kinneret (lac de Tibériade), et continue jusqu’à la Mer Morte où se jette le Jourdain.
Passé la Mer Morte, la frontière file droit au Sud, jusqu’au golfe d’Eilat (ou d’Aqaba en Jordanie) sur la Mer Rouge.



Quand les Anglais prirent la plus grande partie des territoires accordés par la SDN au Foyer National Juif pour y créer tout d’abord l’Emirat de Transjordanie (qui deviendra en 1946 le royaume de Jordanie), leur intention était de consolider leur pouvoir depuis la Méditerranee (car ils occupaient aussi la partie actuellement israélienne) jusqu’au Golfe Persique et de là, avoir un continuum presque parfait jusqu’au Bengladesh.
Pour nous, si la guerre de 1948 nous a permis d’avoir un état, elle nous a aussi privés, et ceci pendant 19 ans jusqu’en 1967, de la Judée-Samarie devenue alors jordanienne.

Nous avons une longue histoire avec la Jordanie et des rapports bien plus nuancés qu’avec nos autres voisins et ceci bien que les Jordaniens se soient tenus avec nos ennemis à chaque guerre, dès la première, la guerre d’Indépendance de 1948:
Une des raisons de leur entrée en guerre contre nous à chaque conflit est sans doute la fragilité de leur royaume entouré de pays où l’influence nationalisto-nazie est puissante* encore aujourd’hui, et où vivent des milices armées de Palestiniens qui, dès le début, ont exigé la création d’un état palestinien indépendant sur toute la Palestine mandataire, c’est à dire sans Israel mais aussi sans la Jordanie. Pour eux, Abdallah Ier était était coupable d’avoir rencontré Golda Meir le 10 mai 1948*.
Sa participation à la guerre de 1948, ne suffira pas à le garder en vie, il sera jugé trop mou à notre égard, et assassiné en 1951 sur l’ordre du grand Mufti Husseini, toujours actif en Egypte*.
La suite de l’histoire du royaume montrera d’ailleurs que les rois de Jordanie auront tous du mal à contrôler leur population palestinienne et seront toujours partagés entre leur intérêt à avoir de bonnes relations avec Israel et la crainte des différents régimes irakiens, syriens et éyptiens qui, souvent pour des raisons de politique interne, soutenaient la lutte pour la destruction d’Israel.
L’accord de paix signé avec le roi Hussein en 1994* permet quelques années de stabilité mais depuis l’accession au trône d’Abdallah II, les relations israélo-jordaniennes sont en constante déterioration.
Le roi Abdallah n’a pas la poigne de fer de son père le roi Hussein qui lui a su mater la tentative coup d’état commis par Arafat en 1970*. Lui n’arrive pas à tenir sa population qui est sous influence des réseaux fréristes (les Frères Musulmans) et des différentes factions terroristes.

En 2022, j’écrivais* que la légitimité du roi Abdallah est contestée et que le pays connait des émeutes graves contre le pouvoir. Ces émeutes sont dûes à de graves problèmes économiques que savent exploiter les différentes factions palestiniennes et auxquelles s’ajoutent les habituelles querelles sanglantes entre tribus, et les actes terroristes des milices de Daech qui sévissent dans le Sud.

Mais, depuis le 7 octobre, la situation en Jordanie est devenue explosive: Les Jordaniens ont peur des conséquences de la guerre à Gaza.
Selon le journal Al-Rai Al-Yum*, plusieurs scénarios pourraient constituer un danger pour la Jordanie. Le premier scénario que redoute la Jordanie est celui d’un déplacement des Palestiniens de Judée-Samarie vers ce pays, crainte similaire à celle de l’Egypte à l’égard des Palestiniens quittant la bande de Gaza pour entrer sur son territoire.
En outre, la Jordanie craint que différents éléments de l’axe de la résistance (c’est à dire les terroristes) déferlent sur son territoire. Les dirigeants jordaniens savent que des milices syriennes et irakiennes, proxies de l’Iran, sont prêtes à y entrer.
Un autre danger est celui des forces houthies au Yémen. Le Yemen peut sembler loin mais les tirs contre Israel peuvent traverser le territoire jordanien et constituer également un danger pour celui-ci.
La Jordanie craint également la perturbation de l’activité du port d’Aqaba qui est leur seul port maritime.

Aussi, le gouvernement jordanien a pris plusieurs mesures qui montrent que de facto, ils ne sont plus intéressés par une paix, même froide, avec Israel bien qu’on n’en soit pas déjà à la déclaration de guerre en bonne et due forme:
Les soldats jordaniens en poste à la frontière laissent passer en Judée-Samarie tous les Palestiniens qui le veulent et ceci non pas aux points de passage d’où nous pourrions les refouler administrativement, mais tout le long de la frontière, par des ouvertures clandestines.
Par contre, tous les Palestiniens de Judée-Samarie qui veulent pour une quelconque raison passer officiellement la frontière se voient refouler.
Selon les accords de paix nous avons un accord d’échange énergie-eau avec la Jordanie, or le premier ministre A-Safadi a déclaré dernièrement que l’accord d’échange d’énergie et d’eau était annulé alors qu’il devait être renouvelé en octobre et que les Emirats avaient comme projet d’y inclure des champs de panneaux solaires dans le désert jordanien, faisant ainsi participer la Jordanie aux accords économiques, issus des accords d’Abraham.

Pour Mordekhaï Kedar le danger en provenance de Jordanie est double:
Abdallah II peut décider que pour sa propre survie, il vaut mieux nous sacrifier et laisser passer des terroristes semblables à ceux du 7 octobre ou même, décider de laisser passer des milices shiites en provenance d’Iran et d’Irak. On sait déjà qu’au début de la guerre une milice irakienne est arrivée jusqu’à notre frontière.

Ce ne sont pas seulement des débats théoriques. Les habitants de la vallée du Jourdain sont de plus en plus inquiets.
Ils expliquent que l’armée jordanienne mène un entraînement intensif quotidien au tir près de la frontière. Ils craignent un scénario similaire à celui qui s’est produit le 7 octobre dans Otef Aza*:
Pour eux , ces exercices sont d’une ampleur et d’une fréquence inhabituelle et montrent que la Jordanie se prépare à une action militaire:
Nous entendons en temps réel les tirs de l’autre côté de la frontière, les entraînements au tir réel, tout près de nous, il y a des habitants qui vivent ici depuis des décennies et ne se souviennent pas des entraînements au tir si près de notre frontière
Au début, il s’agissait d’un entraînement ponctuel, d’une demi-heure le soir. Cependant, la fréquence et la durée des entraînements ont augmenté, et maintenant ils ont lieu presque tous les soirs, parfois toute la nuit, et nous sommes seulement à 2km de la frontière… Des milliers de soldats commandos jordaniens peuvent facilement traverser la frontière, massacrer les habitants de nos kibboutzim et moshavim et commettre le même horrible pogrom sanglant que celui du 7 octobre. Nous avons accueilli dans nos moshavim des milliers de réfigués israéliens évacuées du nord, à la suite des tirs du Hezbollah. Il est absurde que maintenant, même ici, leur vie et la nôtre soient en danger. Il s’agit d’un danger immédiat, nous sommes en danger!
Jusqu’à présent l’armée n’a pas vraiment réagi, officiellement en tout cas, mais nos soldats arrêtent toutes les nuits des terroristes qui passent en Israel sans contrôle de la part des Jordaniens

Ils arrêtent aussi des trafiquants d’armes et de drogue car terrorisme, armes et trafic de drogue vont toujours ensemble. L’une de ces drogues est le captagon et leurs fournisseurs sont les milices irakiennes, syriennes chiites et le ‘Hezbollah. Le ‘Hezbollah est riche. Il est financé par l’Iran mais il a aussi ses ressources personnelles:
Au Liban, la vallée de la Bekaa chiite, et donc inféodée au Hezbollah, est célèbre pour ses cultures de cannabis et de pavot, mais s’est depuis quelques années lancée dans la fabrication du captagon, drogue de synthèse qui permet de rester éveillé particulièrement longtemps. Contrairement à ce qui a été affirmé dans de nombreux articles en Occident, les terroristes utilisent le captagon: on a trouvé des comprimés de captagon dans les vêtements de ceux qui ont perpétré les massacres du 7 octobre. Toutes les nuits des narco-terroristes essayent de faire passer le captagon, clandestinement mais pas seulement: dernièrement du captagon a été saisi sur des femmes palestiniennes de Jordanie qui passaient la frontière au pont Allenby d’une manière tout à fait officielle.


Voici un des moshavim de la vallée du Jourdain qui se trouve à quelques centaines de mêtres de la frontière, sur la colline. J’espère qu’ils ne ressembleront jamais aux kibboutzim de Otef Aza après le 7 octobre


La vallée du Jourdain se trouve ainsi en première ligne, rempart contre les milices de Jordanie mais aussi de Syrie et d’Irak, c’est à dire l’Iran.

A bientôt,

*La rencontre entre Golda et Abdallah Ier:
Le 10 mai 1948 (soit 5 jours avant la proclamantion de l’etat d’Israel), quatre jours avant la fin du mandat britannique sur la Palestine, Golda Meir, déguisée en femme arabe, passe la frontière jordanienne et est reçue par le roi Abdallah. C’est l’entrevue de la dernière chance. Le roi propose une fusion entre la Palestine et la Jordanie, étant entendu que les Juifs disposeraient d’une totale autonomie politique et culturelle dans l’État qui en résulterait.
Golda refusa. Elle savait que le pouvoir d’Abdallah était trop faible pour lui fournir des garanties suffisantes.

*Le roi Hussein et les Palestiniens »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Septembre_noir_(1970-1971)

*Accords de paix entre Israel et la Jordanie:
Les accords de paix entre Israel et la Jordanie , appelés aussi  accords de Wadi Araba, ont été signés le 26 octobre 1994 dans la ville frontière de Wadi Araba. Les relations entre les deux pays sont ainsi normalisées et les contestations de territoires sont résolues par ce traité. C’est le second traité de paix entre Israël et un pays arabe, après celui signé entre Israel et l’Egypte le 26 mars 1979

*Le grand-mufti en Egypte:
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2023/10/08/les-origines-nazies-et-sovietiques-de-la-propagande-palestinienne-1-5/

*La situation en Jordanie en 1922:
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2022/12/23/troubles-en-jordanie/

*Al Ram al Yum est un site d’information pan-arabe basé à Londres et dirigé par un Palestinien originaire de Gaza

*Otef Aza »: le pourtour de la bande de Gaza

*Le captagon:
https://www.lorientlejour.com/article/1346763/le-menace-du-captagon-pese-sur-leurope.html

La réponse de Dina Rubina

Je me permets de reposter la Lettre Ouverte de Dina Roubina , écrivain russe et israélienne, en réponse à un mail du Pushkin House de Londres qui lui demandait de “clarifier sa position sur Israel”, ceci avant de décider de l’inviter, ou pas! Cette réponse a été publiée sur le site Truth of the Middle East* le 8 mars.

(Dina Rubina)

« Il y a peu, the Pushkin House de Londres, m’a invitée à un débat littéraire diffusé sur Zoom. La conversation devait porter sur mes livres. Je viens de recevoir cet e-mail du modérateur de cette réunion.
Je vous suggère de le lire, ainsi que ma réponse.

De : Nataliya Rulyova
Bonjour, Dina !
La Maison Pouchkine a annoncé notre prochaine conférence sur les médias sociaux et a immédiatement reçu des messages critiques concernant votre position sur le conflit israélo-palestinien. Ils voulaient comprendre votre position sur cette question avant de répondre. Pourriez-vous formuler votre position et me l’envoyer dès que possible ?
Je vous prie d’agréer, Madame, l’expression de mes salutations distinguées,
Natasha

De : Dina Rubina
Chère Natalia !
Vous avez magnifiquement écrit sur mes romans, et je suis vraiment désolée pour le temps que vous avez perdu, car apparemment, nous devons annuler notre rencontre.
Les universités de Varsovie et de Torun viennent d’annuler les conférences du merveilleux écrivain israélien de langue russe Yakov Shechter sur la vie des Juifs de Galicie aux XVIIe et XIXe siècles – « pour éviter d’aggraver la situation ».
Je me doutais que cela me toucherait également, puisque le milieu universitaire est désormais le principal vivier de l’antisémitisme le plus dégoûtant et le plus virulent, déguisé en soi-disant « critique d’Israël ».
Je m’attendais à quelque chose de ce genre, et j’avais même décidé de vous écrire un mail à ce sujet… mais je l’avais mis de côté. Il est temps pour moi de le publier .

Voici ce que je veux dire à tous ceux qui attendent de moi un rapport rapide et obséquieux sur ma position à l’égard de mon pays bien-aimé, qui vit actuellement (et depuis toujours) cerné d’ennemis féroces qui cherchent à le détruire. Mon pays qui mène aujourd’hui une guerre juste contre un ennemi enragé, impitoyable, trompeur et rusé.

La dernière fois que je me suis excusée, c’était à l’école primaire, dans le bureau du directeur, j’avais 9 ans. Depuis lors, je fais ce que je pense être juste, n’écoutant que ma conscience et exprimant exclusivement ma compréhension de l’ordre mondial et des lois humaines de la justice.
Natalia, merci pour vos efforts, et je vous demande personnellement d’envoyer ma réponse à tous ceux qui s’interrogent :

« Le 7 octobre, samedi, jour de la fête juive de Simchat Torah, le régime terroriste du Hamas, impitoyable, bien entraîné, bien préparé et bien équipé par l’Iran, le Hamas qui règne dans l’enclave de Gaza (qu’Israel a quittée il y a une vingtaine d’années), a attaqué des dizaines de kibboutzim pacifiques, et bombardé mon pays de dizaines de milliers de roquettes.
Le Hamas a commis des atrocités que même la Bible ne peut décrire, des atrocités qui n’ont rien à envier aux crimes de Sodome et Gomorrhe. Atrocités filmées soit dit en passant, par des caméras GoPro, les meurtriers ayant poussé l’horreur jusqu’à envoyer les images à leurs familles ou sur les réseaux sociaux en temps réel.
Pendant des heures, des milliers de bêtes joyeuses et ivres de sang ont violé des femmes, des enfants et des hommes, tirant dans l’entrejambe et la tête de leurs victimes, coupant les seins des femmes et jouant au football avec, éventrants les femmes enceintes et décapitant immédiatement leurs bébés, attachant et brûlant les petits enfants. Il y avait tellement de cadavres carbonisés que, pendant de nombreuses semaines, les médecins légistes n’ont pas pu faire face à l’énorme charge de travail que représentait l’identification des individus.
Une de mes amies, qui a travaillé aux urgences d’un hôpital new-yorkais pendant 20 ans, puis en Israel pendant 15 ans, a été l’une des premières à arriver dans les kibboutzim, au sein d’une équipe de secouristes et de médecins.
Elle n’arrive toujours pas à dormir depuis. Alors qu’elle est une spécialiste des urgences, habituée aux corps disséqués et aux cadavres, elle s’est évanouie quand elle a vu ce spectacle macabre et a vomi pendant tout le trajet de retour dans la voiture.
Parmi les militants du Hamas, des civils palestiniens se sont engouffrés, participant à des pogroms d’une ampleur inouïe, pillant, tuant, traînant tout ce qui leur tombait sous leurs mains.
Parmi ces « civils palestiniens » se trouvaient 450 membres de cette organisation tellement côtée l’UNRWA (Office de secours des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient).
A en juger par la joie totale de la population (également capturée par des milliers de caméras mobiles), le Hamas est soutenu par la quasi-totalité de la population de Gaza..
Mais l’essentiel est là pour nous : plus de deux cents israéliens, dont des femmes, des enfants, des personnes âgées et des travailleurs étrangers, ont été entraînés dans l’antre de la bête.
Une centaine d’entre eux pourrissent et meurent encore dans les cachots du Hamas. Il va sans dire que ces victimes, dont on continue à se moquer, ne préoccupent guère la « communauté universitaire ».
Mais ce n’est pas de cela que je parle en ce moment. Je n’écris pas cela pour que quelqu’un compatisse à la tragédie de mon peuple.
Pendant toutes ces années, alors que la communauté internationale a littéralement déversé des centaines de millions de dollars sur ce bout de terre (la bande de Gaza) – et que le budget annuel de l’UNRWA équivaut à lui seul à un MILLIARD de dollars! – Pendant toutes ces années, le Hamas a utilisé cet argent pour construire un empire avec un système complexe de tunnels souterrains, stocker des armes, enseigner aux écoliers dès l’école primaire à démonter et à assembler un fusil d’assaut Kalachnikov, imprimer des manuels scolaires dans lesquels la haine d’Israël est indescriptible, dans lesquels même les problèmes de mathématiques ressemblent à ceci : « Il y avait dix Juifs, le shahid en a tué quatre, combien en reste-t-il ?… », appelant au meurtre des Juifs avec chaque mot.
Et maintenant, quand, enfin choqué par le crime monstrueux de ces salauds, Israel mène une guerre d’anéantissement contre les terroristes du Hamas, qui ont si soigneusement préparé cette guerre, qui ont placé des milliers d’obus dans tous les hôpitaux, les écoles, les jardins d’enfants… – c’est là que le milieu universitaire du monde entier est sur la défensive, préoccupé par le « génocide du peuple palestinien » – sur la base, bien sûr, de données fournies par… qui ?
La communauté universitaire, qui ne s’est pas préoccupée des massacres en Syrie, ni du massacre en Somalie, ni des mauvais traitements infligés aux Ouïghours, ni des millions de Kurdes persécutés par le régime turc depuis des décennies, cette communauté très inquiète, qui porte au cou des arafatka* – la marque de fabrique des meurtriers – et se rassemble sous le slogan « Libérez la Palestine de la rivière à la mer », ce qui signifie la destruction totale d’Israël (et des Israéliens).. Ces “universitaires », comme le montrent les sondages, n’ont aucune idée d’où se trouve ce fleuve, comment il s’appelle, où se trouvent certaines frontières. Et c’est ce même public qui me demande « d’exprimer une position claire sur la question ».

Vous êtes vraiment sérieuse ?
Je suis, vous le savez, écrivain de profession, depuis plus de cinquante ans. Mes romans ont été traduits en quarante langues, dont l’albanais, le turc, le chinois, l’espéranto… et bien d’autres encore.

Maintenant, avec grand plaisir, sans trop choisir mes expressions, je souhaite sincèrement et de toute la force de mon âme à tous les « intellectuels » sans cervelle qui s’intéressent à ma position d’aller se faire foutre.
En fait, vous y irez bientôt tous sans moi. 

Dina Rubina »

Cet échange de mail s’est fait à l’initiative de Natalyia Rulyova.
Madame Rulyova est est professeur de russe au Département de langues modernes de l’Université de Birmingham. Elle fait partie de l’Institut Pushkin House* qui se décrit comme étant:
Un centre culturel indépendant avec un programme d’événements, d’expositions et d’initiatives communautaires.
Indépendant?

La réponse de Dina Rubina, écrivain israélienne reflète exactement ce que pensent les Israéliens de la veulerie hypocrite des bien-pensants intellectuels occidentaux, de cet antisémitisme à mots feutrés, policés, qui caractérisent ce qu’on appelle l’antisémitisme chic par rapport à l’antisémitisme choc que sont les attaques physiques.


Bien sûr, après la réponse magnifique et percutante de Dina Rubina, the Pushikin House qui invitait le public à son émission  » Dina Rubina in Conversation with Natasha Rulyova »:
THU 21 MARCH 2024
08:30—10:00 PM
a indiqué:
We’re not currently accepting event registrations on this form

A bientôt,

*Dina Rubina:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dina_Rubina


*The Pushkin House:
https://www.pushkinhouse.org/

*Arafatka: il s’agit de ce foulard du Moyen -Orient appelé autrefois keffyié qui a ete renommé arafatka d’après le nom du terroriste Yasser Arafat


*L’article de Trust of the Middle East:
https://truthofthemiddleeast.com/dina-rubina-open-letter/:
Il est aussi paru aujourd’hui sur Tribune Juive:
https://www.tribunejuive.info/2024/03/11/dina-roubina-ecrivain-russe-et-israelienne-a-repondu-a-la-maison-pouchkine-a-londres-qui-lui-demandait-de-clarifier-sa-position-sur-israel-avant-de-linviter/

Pourquoi le Hamas? Brève histoire du califat islamique 8/9

Par Jean-Claude Haddad,


Jean-Claude Haddad nous ammène maintenant au 20 ème siècle après un détour dans les Amériques expliquant comment la colonistion juive d’Israel à la fin du 18 ème siècle était en fait le retour d’une population asservie comme cela avait été le cas pour les affranchis africains

Les Wahabites d’Arabie et la résurrection arabe

Le géant wahhabite Abdel Aziz ibn Séoud créa par son obstination tenace l’Arabie des manuels scolaires d’aujourd’hui. Il adjoignit au territoire central du Nindj –toujours attaché au nom de sa famille- le Quasim puis, pour s’offrir un débouché sur la mer, il s’empara de la province du Hasa, sur le Golfe Persique, sans soupçonner les trésors qu’elle renfermait dans son sous-sol.  A la tête de ce territoire il fut ainsi le premier chef arabe à être reconnu par la Sublime Porte avec qui il signa, en 1912, un traité qui lui reconnaissait la possession de ces étendues désertiques. Résurrection arabe! Il agrandit son royaume en faisant plus tard la conquête de la province du Hail, et prit les vastes étendues fertiles de l’Asir aux confins du Yémen après s’être fait couronner roi du Hedjaz –pays de La Mecque et Médine- le 4 janvier 1927.  

Ses conquêtes, ses combats pour rassembler sous son autorité des tribus versatiles, furent une véritable épopée et ce Hedjaz, longtemps convoité, il l’ajouta à sa couronne en l’arrachant aux Hachémites au mépris de la politique britannique. Il est vrai qu’il descendait d’une lignée qui, depuis près de cent cinquante ans, avait combattu pour se rendre maîtresse des lieux saints. 

(le royaume du Hedjaz ou Hiyaz.Wikipedia)

Il comptait parmi ses ancêtres Abdel Wahab et Mohamed Ibn-Séoud.  Le premier était le prédicateur de la foi wahhabite qui entra en révolte contre l’idolâtrie qui régnait au Hedjaz et trouva refuge et protection auprès du second. Celui-ci était roi du Nindj, région de l’Arabie centrale faite de déserts brûlants, où Dieu disait-on, avait fait les bédouins hauts de taille, fiers de caractère, frugaux dans leur appétit et entièrement soumis à sa volonté. 

Restauration de la pratique de l’islam

Abdel Wahab y propagea sa foi, l’islam des origines, et donna sa fille en mariage à Ibn-Séoud. De la descendance de cette union -dont les héritiers usèrent du titre d’Emir du Nindj et d’Imam des wahhabites- il naîtra un roi. Celui-ci soumit le Hedjaz et la totalité de la Péninsule. Sa tâche première fut de restaurer la pratique de l’islam et de détruire les idoles que la foi dégénérée des docteurs turcs avait laissé bâtir autour des places saintes. Mais, hélas, ce rêve de royaume débarrassé de la tutelle turque et consacré à la religion épurée des exotismes qui l’avaient contaminée, dura une décennie. En 1815, les troupes de Mehmed Ali dépêchées sur les ordres du sultan défirent les Arabes et emmenèrent leur chef en captivité à Constantinople. Celui-ci, à l’heure du châtiment, fut décapité devant Sainte Sophie par le bourreau en chef non sans avoir été piqué, avant, dans le but de relever la tête, par le bourreau en second. Technique rodée chez les exécuteurs ottomans. 

En même temps que l’Arabie replongeait dans sa léthargie coutumière après la reprise en main par le pouvoir du Sultan Calife,  les lieux saints furent confiés  à l’administration égyptienne qui y imposa son autorité laxiste en ayant à charge d’y organiser le pèlerinage annuel. 

Cette situation dura jusqu’à la révolution Jeunes Turcs lesquels, ne renonçant pas à leur emprise sur les Pays Arabes, envoyèrent, dès 1908, un quinquagénaire bien né comme représentant du sultan pour la garde des sanctuaires. Cet homme, flanqué de nombreux fils, était de la famille Hachémite -donc descendant du prophète- et la réputation qui le précédait en faisait un sujet tout dévoué au pouvoir ottoman. Il se nommait Hussein et prit le titre de Chérif de la Mecque.

(Hussein ben Ali al-Hashimi , né vers 1853 à Constantinople et mort le 4 juin 1931 à Amman, fut cherif de La Mecque jusqu’en 1924, roi du Hedjaz de 1916 à 1924 et le dernier calife sunnite a partir de 1924)

Sur ces entrefaites la première guerre mondiale –qui allait chasser les empereurs d’Europe, désagréger les empires vaincus, donner naissance aux Nations,  enfin reconnues, et nourrir inévitablement les ressentiments pour les prochains conflits- enflamma la région. 

Débuts du nationalisme arabe

Les contrées peuplées d’Arabes -qui s’étaient accommodées durant quatre siècles de l’administration turque- furent traversées de courants nationalistes que les Britanniques, pour préserver leurs légendaires routes des Indes, souhaitaient enrôler sous leur bannière.  Les agents anglais, dont le fameux Lawrence, en s’aidant du ciment fédérateur de l’Islam sunnite, promirent au Chérif de La Mecque le soutien du Foreign Office pour la création d’une Confédération Arabe. Un état sous son autorité, qui couvrirait la Mésopotamie, la Syrie, le Liban, la Palestine et le Hedjaz, naturellement.

Cependant tant que le sort des combats fut incertain, le Chérif évita de prendre parti et se garda de proclamer le Djihad comme le lui conseillaient ses courtisans étrangers. Il en fut autrement lorsque les troupes du général Edmund Allenby parties d’Egypte s’élancèrent dans la bataille, boutèrent l’armée turque et remontèrent le long de la côte méditerranéenne sur une ligne de front qui se stabilisa. Alors, le mouvement sembla à tel point irréversible que la révolte arabe éclata. En juin 1916 le Chérif de la Mecque, pactisant avec l’ennemi chrétien, lança ses fils Fayçal et Abdallah dans la bataille pour harceler les soldats turcs et, au mois de novembre, il tirait unilatéralement les bénéfices de son engagement en proclamant l’indépendance du Hedjaz. Il brisait, ainsi, officiellement le serment d’allégeance qui le liait au sultan. Sa trahison rompait ainsi une domination-alliance de quatre siècles entre Turcs Ottomans et Arabes. 

Ce faisant, tout en s’abandonnant à la protection anglaise, il prenait de vitesse son voisin Abdel Aziz ibn Séoud dont la volonté de s’emparer du Hedjaz ne lui était pas secrète.

* * *

Les combats et l’euphorie durèrent jusqu’à la victoire qui vit les troupes du général Allenby occuper successivement Jaffa et Jérusalem, puis après une accalmie, fondre sur Damas où la signature d’un armistice avec les Turcs intervint quelques jours avant le 11 novembre.  Aussitôt Fayçal qui avait fait avec les vainqueurs une entrée triomphale à Damas fut élu, dans la foulée, roi de Syrie par le Congrès National du pays. Son frère, Abdallah, obtint des Britanniques le royaume d’Irak en 1920.

Après cessez le feu et armistice, quand vint l’heure des conférences et des traités, au moment où les partenaires de la Grande Bretagne voulurent tailler dans la peau de l’ours abattu leurs nouveaux habits il s’avéra qu’il y avait trop d’alliés, que la dépouille de l’Empire Ottoman ne suffirait pas à tenir les promesses, à assouvir les ambitions.

Le nouveau Moyen-Orient, issu des accords Sykes-Picot

En effet, bien que les Russes -par leur traité de paix séparé, signé à Brest-Litovsk, avec l’Allemagne- se soient exclus du partage de ces territoires l’Angleterre avait à composer avec son propre appétit et celui de la France. Le fameux accord Sykes-Picot.  Bien avant la fin de la guerre leurs ministres des affaires étrangères avaient signé des documents très précis qui définissaient leurs zones d’influences. Ceux-ci mettaient à rude épreuve les engagements britanniques de Confédération Arabe et leur promesse faite aux Sionistes, par la déclaration Balfour,  de créer en Palestine un foyer national qui -favorisant leur immigration- rendrait aux Juifs leur pays.

Le traité international qui clôtura en 1920 la conférence de San Remo confia à la France le mandat sur la Liban et la Syrie. A l’Angleterre il confia l’Irak et la Palestine. 

Ce partage contrariait si ouvertement les alliés arabes de la Grande Bretagne qu’elle entreprit, pour les dédommager, un jeu de chaises musicales. Elle découpa de la Palestine sa partie orientale, qu’elle baptisa Transjordanie, en décrétant qu’elle était soustraite au retour des Juifs. Puis elle nomma comme émir de ce territoire, créé par la grâce de sa diplomatie, Abdallah ibn Hussein précédemment Roi d’Irak. Auparavant, elle lui avait retiré l’Irak qu’elle confia à son frère Fayçal, privé du royaume de Syrie par la France qui l’en avait chassé manu militari pour prendre possession de ce qui lui revenait selon accords et traités. 

(Le partage du Moyen-Orient selon les accords Sykes-Picot)

Pour finir en juillet 1922, entérinant les traités, la France se vit confier officiellement par la Société des Nations mandat sur le Liban et la Syrie. L’Angleterre obtint l’Irak et la Palestine, et sur le territoire de la Palestine, créa un troisième pays qui n’était mentionné sur aucune carte deux années auparavant: l’émirat de Transjordanie. Ce dernier deviendra indépendant le 25 mai 1946 et prendra le nom de Royaume de Jordanie en 1946. 

(l’émirat de Transjordanie. Wikipedia)

Par cet artifice l’Angleterre soldait ses dettes envers ses alliés. Cependant le nationalisme des peuples arabes restait sur sa faim,  comme restait inassouvi le désir des bédouins wahhabites de prendre possession du Hedjaz –donc des lieux saints- pour les soustraire à une famille qu’ils jugeaient indigne de cette mission sacrée mais qu’ils redoutaient du fait de son alliance avec la puissante Angleterre.

* * *

La Turquie fâche les musulmans: Mustafa Kemal décide de « déraciner du sol de la Turquie nouvelle cet Islam figé, devenu néfaste, comme un parasite étouffe une plante saine« 

(Mustafa Kemal.Wikipedia)

Dans ce même temps la Turquie qui faisait, par la définition de ses nouvelles frontières, les frais du festin de San Remo connaissait un bouleversement considérable. 

Elle se débarrassait élégamment, en 1922, du dernier sultan en lui permettant de prendre la fuite et se dotait d’une constitution républicaine. Puis ayant vainement essayé de préserver l’institution du Califat,  Mustapha Kemal qui était las des intrigues et des interventions étrangères autour du dernier descendant ottoman, à qui la Grande Assemblée Nationale d’Ankara avait décerné le titre de Calife avec une liste civile réduite, s’en débarrassa. Il déclara qu’il fallait ‘’déraciner du sol de la Turquie nouvelle cet Islam figé, devenu néfaste, comme un parasite étouffe une plante saine’’. Il accusa les dirigeants arabes de traîtres et de dégénérés. Dans son élan de réformes modernes, il remplaça par des caractères latins l’alphabet du coran qui avait servi jusque-là à véhiculer la langue de son peuple. 

Ainsi, en 1924, en jetant à la face du monde musulman la fonction de calife, donc de remplaçant du prophète, comme une relique lépreuse et nauséabonde, Atatürk s’aliéna les musulmans de la planète mais aiguisa en même temps leurs appétits. 

Le titre de Calife est repris par le Chérif Hussein de la Mecque

Aussitôt, à La Mecque, le Chérif Hussein releva le titre. Il s’en appropria, se déclara Calife et s’enhardit même à persécuter une tribu du Hedjaz, de tradition wahhabite. Ce fut comme le signal qu’attendait dans leur fourreau le glaive des combattants arabes d’Abdul Aziz. Lui-même avait retenu, de l’expérience échouée de ses ancêtres, la sagesse de serrer en laisse ses chameaux pour attendre son heure. 

Et l’heure de mettre un terme aux extravagances de Hussein avait sonné. Les troupes arabes fondirent, alors, sur la Mecque et le Chérif pris de panique s’enfuit. Son fils Ali, en même temps qu’il lui succédait en organisant la résistance dans les autres villes du Hedjaz, implora l’aide anglaise. La puissance amie répondit en ces termes, caractéristiques de son humour, ‘’qu’il était contraire à ses traditions de s’immiscer dans les affaires religieuses des peuples et qu’elle n’interviendrait pas dans une querelle ouverte pour succéder au calife ottoman’’

Il ne restait plus à Abdul Aziz qu’à organiser la lutte contre Ali, de le défaire et d’être sacré roi du Hedjaz le 4 janvier 1927. 

Malgré ces faits de courage et de bravoure, alors que le nationalisme arabe levait la tête, la fonction de calife disparaissait au grand dam d’un peuple de croyant orphelin et désemparé. 

A suivre,

N’aie pas peur Israel!- אל תירא ישראל

·
En 1970, le compositeur Avihu Medina écrivit la chanson יעקוב התמים (Yaakov hatamim) Yaakov l’innocent*. C’était en 1970, et la guerre d’usure מלחמת התשה (mil’hemet hatasha) durait depuis trois ans déjà.
On ne parle plus beaucoup de la guerre d’usure qui commença le 11 juin 1967, au lendemain de la guerre des 6 jours et dura jusqu’en 1970 pour le front égyptien, 1971 pour le front jordanien et jusqu’en 1974 pour le front syrien!
Elle impacta non seulement l’armée mais les civils des zones frontalières et chacun sait qu’ici tout ou presque est zone frontalière.
Aussi, quand en 1970, Avihu Medina écrit Yaakov l’innocent, il désirait surtout transmettre un message d’espoir et de fermeté face à ces temps difficiles où attaques et attentats faisaient de nombreuses victimes.
Pourquoi avoir choisi Ie patriarche Yaakov? Tout d’abord parce que Yaakov a dû surmonter de nombreuses crises difficiles dans sa vie mais surtout parce que le nom que prendra Yaakov après sa lutte avec l’ange* est Israel:

וַיֹּאמֶר, לֹא יַעֲקֹב יֵאָמֵר עוֹד שִׁמְךָ–כִּי, אִם-יִשְׂרָאֵל: כִּי-שָׂרִיתָ עִם-אֱלֹהִים וְעִם-אֲנָשִׁים, וַתּוּכָל.
Il reprit: « Jacob ne sera plus désormais ton nom, mais bien Israel; car tu as jouté contre des puissances célestes et humaines et tu es resté fort« . (Genese-Bereshit 32,29)

La chanson d’Avihu Medina raconte les vissicitudes de la vie de Yaakov, l’innocent, ce qui correspond à ce que l’on sait de son caractère:


וַיִּגְדְּלוּ, הַנְּעָרִים, וַיְהִי עֵשָׂו אִישׁ יֹדֵעַ צַיִד, אִישׁ שָׂדֶה; וְיַעֲקֹב אִישׁ תָּם, יֹשֵׁב אֹהָלִים
Les enfants ayant grandi, Ésaü devint un habile chasseur, un homme des champs, tandis que Jacob, homme simple, vécut sous la tente.


Si la chanson d’Avihu Medina date déjà de 54 ans et fait partie du folklore israélien, son refrain est repris à chaque guerre:


N’aie pas peur Israel, n’aie pas peur, n’es-tu pas un lionceau? Et quand un lion rugit qui n’est pas saisi de crainte?
אַל תִּירָא יִשְׂרָאֵל, אַל תִּירָא
כִּי גּוּר אַרְיֵה הֲלֹא אַתָּה,
וְאַרְיֵה אִם יִשְׁאַג, מִי לֹא יִרָא
מִי לֹא יִרָא.

Le lionceau c’est Yehouda, fils de Yaakov-Israel qui le bénit ainsi:

גּוּר אַרְיֵה יְהוּדָה, מִטֶּרֶף בְּנִי עָלִיתָ; כָּרַע רָבַץ כְּאַרְיֵה וּכְלָבִיא, מִי יְקִימֶנּוּ.

Tu es un jeune lion, Yehouda, quand tu reviens, ô mon fils, avec ta capture! II se couche; c’est le repos du lion et de la lionne; qui oserait le réveiller?

Depuis le début de cette dernière guerre, on entend une nouvelle chanson intitulée: לא תירא ישראל (lo tira Israel) N’aie pas peur Israel.
Elle est interprétée ici par un groupe des gardes-frontières משמרת הגבול (Mishmeret hagvul):

Que tu ne manques jamais de larmes, elles sont importantes pour l’inspiration, que ton coeur ne manque pas d’être déçu, c’est importante pour savoir aimer.
Tu es soldat, et c’est ta guerre. Sois fort face à toi-même.

Qui connais mieux que toi chacune de tes facettes, chacune de tes faiblesses?
Que la bonté te poursuive tous les jours de ta vie, souris et ne crains pas*, car Dieu t’accompagne, même si tu marches dans la vallée de la mort, n’aie pas peur.
Que tu ne manques jamais d’échecs car ils mènent à la réussite:
Que tu ne saches jamais tout, il est permis de ne pas savoir.

Aux heures où les mots se taisent et n’ont plus de sens, sois sincère, tous ne t’ecouteront pas mais c’est seulement ainsi tu te retrouveras
Que la bonté te poursuive tous les jours de ta vie, et ne crains pas, car Dieu t’accompagne,

même si tu marches dans la vallée de la mort, n’aie pas peur.
Il ne dors ni ne sommeille*… Les tephilins sont sur la table, la pièce est pleine de fumée…

La mélodie met à nouveau de l’ordre dans ce chaos. Je suis volontaire, je suis prêt mais où va-t-on?
Ce n’est pas simple d’être simple*, à ma manière. Parfois je me sens comme un enfant qui prétend être un adulte.
Ce monde est trop grand pour moi, je choisis de me fermer, alors soutiens-moi car je n’ai pas d’autre solution
Que la bonté te poursuive tous les jours de ta vie, et souris! Ne crains pas car Dieu t’accompagne, même si tu marches dans la vallée de la mort, n’aie pas peur.
Souris et n’aie pas peur!

Souris et n’aie pas peur…

A bientôt,

*Le mot תם, תמים, (tam, tamim), traduit souvent par innocent ne signifie pas non coupable. Il désigne quelqu’un qui n’est pas au courant des subtilités de la vie en société ou des affaires du monde. C’est ainsi que Yaakov est appelé celui qui vivait dans les tentes

*La deuxième chanson est écrite dans un hébreu plus quotidien. Le mot innocent, simple, n’est pas תם (tam), plus littéraire mais פשוט (pashout), mot de tous les jours. De même, l’injonction n’aie pas peur ne se forme pas avec l’impératif négatif אל (al) mais avec simplement le mot לא (lo) non ou ne pas.
On y trouve aussi deux citations tirées des Tehilim: La phrase Il ne sommeil ni ne dort se trouve dans le Psaume 121 et la phrase Si je marche dans la vallee de la mort dans le Psaume 23

Pourquoi le ‘Hamas? Brève histoire du califat islamique 7/9

Jean-Claude Haddad,

Les Turcs Ottomans

En raflant les possessions byzantines -passées aux mains des Arabes, puis des Turcs seldjoukides et pour finir dans celles des Turcs mamelouks- les Turcs ottomans, vont s’ériger en champion de l’Islam. Dans un empire qui s’étendait par endroit bien au-delà de celui de Byzance -il comprenait, en plus, l’Arabie et ses lieux saints- les Turcs vont commander la communauté des croyants durant près de quatre siècles. Longtemps, malgré la défaite de Lépante,  ils domineront les côtes de la Méditerranée orientale de la Dalmatie jusqu’a l’Algérie. Elle sera leur mer intérieure, celle qu’ils écumeront à leur guise, en limitant les échanges qu’ils rendront périlleux aux équipages qui d’aventure s’y risquaient. 

Alors que la marine européenne s’enhardit sur les océans en satisfaisant toujours plus sa curiosité, en découvrant des richesses qu’elle transporte et en améliorant ses techniques, le monde musulman, sous l’autorité du Sultan turc qui porte aussi le titre de Calife, va se développer à son rythme propre, dans sa mer intérieure. Une évolution à l’écart du Nouveau Monde dont il n’a aucune possibilité d’approcher, à l’écart du bruit, de la confrontation, de la cupidité, de la contestation mais à l’écart, aussi, du progrès. 

Les royaumes chrétiens oublient le Djihad et se tournent vers le Nouveau Monde

Si l’esprit des Croisades avait répondu avec retard à l’esprit du Djihad, depuis la découverte du Nouveau Monde, les luttes entre Chrétiens et Musulmans perdent de leur motivation. L’enthousiasme communiqué par l’Eglise pour le départ en Palestine s’était, depuis longtemps, transformé en luttes fratricides où l’idée de nation avait fait son apparition. 

Le plus spectaculaire et le plus vain de ces engagements fut celui qui mit aux prises les descendants de ces héros qui combattirent côte à côte pour la libération des Lieux Saints de Jérusalem : Richard Cœur de Lion et Philippe Auguste. En effet la capitulation de la ville de Bordeaux en 1453 mit fin à une guerre de 100 ans,  qui usa Français et Anglais,  et intervint moins de 5 mois après la chute de Constantinople, désastre sans équivalent pour l’Eglise byzantine, celle pour qui les Croisés à l’origine, ironie cruelle, avaient voulu reconstituer l’empire.

A l’évidence, durant ces siècles, la sympathie des Chrétiens pour la cause chrétienne avait déserté leur esprit et rendre à Byzance, ce qui lui avait appartenu, n’était plus à l’ordre du jour. Il est vrai que la solidarité chrétienne, face aux Turcs, avait déjà volé en éclat lorsque le prince magyar avait pactisé avec Soliman pour monter sur le trône de Hongrie puis, surtout, quand le roi de France, François 1er, avait signé en 1536 le Traité des Capitulations avec le sultan ottoman. Un traité d’amitié destiné à contrarier les projets de Charles Quint contre la Turquie et qui fit bénéficier la France d’un traitement de faveur, unique parmi les nations chrétiennes.

(François !er et le sultan Soliman le Magnifique, tableau du Titien)

En terre chrétienne -qui oubliait Jérusalem- ce qui fut à l’ordre du jour en ces temps de découvertes et de butin, fut une guerre fratricide pour la possession des richesses du Nouveau Monde. Le traité de Tordesillas qui scindait, avec la bénédiction du pape, le nouveau continent entre terres d’évangélisation espagnoles ou portugaises,  ne résista pas au dynamisme et à l’avidité des nations européennes. Français, Anglais, Hollandais réclamaient leurs parts et s’en appropriaient, au besoin, avec violence. 

Effets positifs et négatifs de ces découvertes

Le continent américain, quand il apparut dans son immensité, fut une mosaïque de colonies où s’affrontèrent les nations chrétiennes. D’autre part, l’extermination systématique des populations autochtones se fit avec une brutalité dont les détails furent connus dès l’origine, et la tolérance face à ce génocide -en plus du crime irréparable qu’elle couvrait- fut à la base d’une seconde catastrophe presque aussi cruelle. Elle consista à transplanter dans ces nouveaux territoires des populations africaines pour y effectuer les travaux agricoles, à l’imitation des Arabes qui l’avaient inauguré, avec profit, dans leurs établissements d’Afrique et du Moyen Orient en castrant, eux,  les malheureux élus. 

Les métropoles européennes contrôlèrent avec une rigidité rigoureuse leur autorité sur les colonies vers lesquelles elles expédiaient leur trop plein d’aventuriers téméraires, d’héritiers sans avenir et de contestataires religieux. Elles s’habituèrent à recevoir en échange des produits inconnus, qui devinrent rapidement indispensable, et à y prélever des taxes tout en maintenant l’ascendant d’un pouvoir lointain n’ayant aucune emprise sur les vrais problèmes d’une contrée qu’elles ne connaissaient pas. 


Au 18 ème siècle: de nouvelles découvertes et une révolution

Les colonies anglaises d’Amérique, les premières, se révoltèrent contre la mère patrie.  Les 13 états entreprirent durant sept ans leur guerre de libération et furent naturellement aidés par la France qui, n’ayant pas réussi à établir de colonie similaire, ne craignait pas une révolte analogue. La France s’engagea totalement contre l’Angleterre si prospère. Puis, une fois l’indépendance de l’Amérique acquise, quand il fut au pouvoir, Napoléon 1er pencha un peu plus en faveur de la jeune république en cédant au Président Jefferson, moyennant paiement, ce que l’on nommait à l’époque la Louisiane.

Il s’agissait alors d’un territoire immense, fruit de l’exploration française qui, débarquée au nord, dans les eaux du St Laurent -à l’époque de la découverte de l’Amérique- avait recherché un passage pour franchir cette barrière de montagnes et trouver la route des Indes. En descendant vers le sud et en suivant le Mississipi,  les explorateurs français avaient débouché sur le Golfe du Mexique pour fonder la Nouvelle Orléans.  La superficie du territoire cédé par la France couvrait en totalité ou partiellement 21 des états actuels des Etats-Unis d’Amérique d’aujourd’hui. Ainsi ce territoire français, cédé par Napoléon, doubla, par un simple contrat de vente, l’étendue de la première démocratie moderne. 

Le retour à Sion de certains esclaves affranchis grâce à l’American Colonization Society –société humanitaire œuvrant pour la dignité de l’homme noir- inspirera en partie le Mouvement sioniste* cherchant un refuge naturel aux Juifs persécutés. 

Aussitôt constituée, la jeune république se libera de l’esclavage en y renonçant progressivement dans ses états d’origine et en interdisant l’importation de nouveaux captifs sur son territoire. De plus, l’American Colonization Society –société humanitaire œuvrant pour la dignité de l’homme noir- revint sur les côtes africaines. Elle s’investit dans le projet fou et généreux de rapatrier les victimes de la traite négrière sur le sol de leur origine.

(American colonisation society, Libray of Congress)

Ce véritable retour à Sion des esclaves affranchis s’effectuera à compter de 1821 et sera imité trois quarts de siècle plus tard par l’Agence Juive pour Israël qui s’en inspira pour trouver un refuge naturel aux Juifs persécutés.  L’American Colonization Society obtient des chefs locaux des terres à l’embouchure du fleuve St Paul -région même d’Afrique Occidentale qui avait vu le commerce et le départ des esclaves- pour y construire une ville de rapatriement qui prendra le nom de Monrovia. Vingt ans plus tard un gouverneur y était nommé, suivi en 1847 de la création d’un nouvel état, le Liberia –premier état africain indépendant- doté d’une constitution inspirée de celle des Etats-Unis.

L’administration par les Européens des colonies d’Amérique fut mise à mal après la révolte du territoire anglais du nord car le vent de la liberté souffla, lui aussi, au sud du continent. Le Venezuela entra en dissidence sous la direction de Simon Bolivar, le « Libertador », dont l’action tendait à libérer les états de la domination espagnole et à les regrouper en une confédération qui relierait la côte atlantique à celle du pacifique.

(Simon Bolivar, portrait posthume 1922, wikipedia)

Le président américain Monroe agitait même face à l’Europe les principes de sa théorie qui militait pour une direction américaine des états américains. Ces mouvements libéraux et révolutionnaires qui animaient cette Amérique, du nord au sud, affranchissaient leurs esclaves à tout va, en militant activement pour que la pratique fût abolie.
Aussi, lorsque les fermiers américains rejetèrent le pouvoir de la métropole anglaise, la métropole s’était si bien accoutumée aux produits et aux taxes qui l’enrichissaient que tout aussitôt, dans une autre partie du globe, l’East India Compagnie bien implantée à Calcutta et au Bengale, se lança dans la conquête forcenée de l’Inde pour compenser les pertes, en produits et en taxes, d’outre atlantique. 

Cette conquête marqua une pause durant les années Napoléon pour reprendre aussitôt après et développer des rapports d’opposition tels, dans cet immense pays, qu’ils débouchèrent –après la crise des nationalités en Europe- sur la révolte des Cipayes.  L’Angleterre fit, alors, intervenir massivement son armée aux Indes pour une reprise en ordre du sous-continent. Celui-ci allait devenir le joyau le plus important de l’Empire et contraindre le pouvoir britannique -pour assurer la sécurité de la route des échanges- à une politique d’annexion. Elle ouvrira, alors, une page douloureuse dans l’histoire de la domination des peuples. 

Ainsi la course effrénée aux colonies commença avec la libération de l’Amérique du Nord puis l’abolition de l’esclavage. Deux événements qui poussèrent les métropoles expulsées, à trouver d’autres facilités pour s’enrichir et s’approvisionner, dans des régions « inexplorées et inexploitées ». 

Au lendemain de Waterloo et du Congrès de Vienne les nations d’Europe s’engagèrent dans une Sainte Alliance qui regroupait la Russie, l’Autriche et la Prusse -où vinrent se greffer par la suite l’Angleterre et la France- dans le but de se prémunir d’un nouveau réveil révolutionnaire et garantir le statu quo en Europe. Alliance chrétienne par excellence qui regroupait les Orthodoxes, les Catholiques et les Protestants. Les pays de la Sainte Alliance résistèrent pour ne pas rompre ce délicat équilibre à leurs frontières et refusèrent, par exemple, de secourir le peuple grec orthodoxe qui s’était soulevé dès 1821 contre l’occupant turc musulman. Finalement, après sept années d’atermoiements, ils lui vinrent en aide et une partie de la Grèce accéda à l’indépendance. Une délivrance après quatre siècles de domination turque. L’islam se retirait.

Les Européens, la Russie et l’empire turc dansent le tango
Simultanément, sous la pression russe, le sultan Mahmut II –renonçant à en faire des terres d’Islam- accordait l’autonomie aux principautés chrétiennes de Serbie et de Moldavie. Puis les Puissances obtinrent de la Sublime Porte qu’elle entreprenne des reformes afin de garantir les droits de ses minorités. Ces changements furent effectivement mis en œuvre sous le nom de Tanzimat, pour modifier et moderniser le droit ottoman.

Pour venir à bout de la résistance turque à la modernité et l’amener à cette concession, l’armée russe était arrivée aux portes d’Istanbul et la flotte anglaise avait envoyé par le fond les navires dépêchés par le vassal égyptien du sultan, Méhémet Ali. L’Empire Ottoman devenait une proie facile pour ces états avides de puissance. Il dut la pérennité de son existence – dans ces frontières encore préservées- à la crainte de la coalition que soulèverait l’un d’eux si d’aventure il osait occuper, sans leur aval, une partie du territoire ottoman. 

Pourtant, dans ce round d’observation où chacun cherchait à placer ses pions, la France, la première, cligna des yeux et attaqua en débarquant des forces sur les côtes algériennes. Cette action se fit sans soulever les protestations sérieuses de ses alliés qui furent même soulagés d’être débarrassés de ce brigandage des pirates barbaresques qu’un lien, même tenu, unissait encore au sultan ottoman. Certains pays trouvèrent que ce débarquement français dans ce territoire sans intérêt avait été téléguidé par l’appétit des autres puissances car il les autorisait à régler leurs pas, le moment venu, sur la danse qui se préparait, autour du cadavre de l’Empire Ottoman. Il libérait, en quelque sorte, leur ambition.

Ainsi, très ouvertement, la Russie lorgnait sur les provinces turques habitées par les Slaves orthodoxes et estimait que son église était l’héritière de Byzance, les terres chrétiennes devaient lui revenir. Le tsar rêvait d’occuper Istanbul qu’il rebaptiserait, juste retour des choses, Constantinople. Ces prétentions russes trouvèrent un écho plus sérieux quand Alexandre II, en 1861, convaincu du retard de son pays, abolit le servage.

(Lecture de la déclaration d’abolition du servage. Tableau de Grigori Miassoiedov, 1881)

Il introduit dans l’Empire des reformes importantes dans le même temps où l’Amérique d’Abraham Lincoln était lancée dans cette guerre civile qui imposerait, dans les Etats du Sud, l’abolition de l’esclavage, de vigueur en Europe depuis 1848. De plus la Russie – qui céda à l’Amérique, moyennant paiement, le territoire de l’Alaska en 1867- affichait sa volonté de voir attribuer à sa flotte un passage dans les détroits, entre Mer Noire et Méditerranée.  

L’Angleterre mûrissait ses projets, dans le secret, en s’opposant à toute modification du statut quo. Le jeu des grandes puissances se compliqua lorsque l’Allemagne unifiée et l’Italie, elle aussi unifiée, affichèrent à leur tour leur ambition. 

C’est alors que trois événements majeurs vinrent peser de leur poids pour obliger les partenaires de la Sainte Alliance à réagir. Le premier fut la mise en service, par une administration franco-britannique, du canal de Suez. La défaite de la France à Sedan, son désir de revanche et son refus d’accepter la perte insupportable de l’Alsace-Lorraine fut le second de ces événements, quant au dernier, il apparut avec l’intronisation de la reine Victoria, quand elle fut couronnée impératrice des Indes.

Là, l’Angleterre fut obligée d’abattre son jeu et annonça aux Puissances sa volonté d’assurer, pour son commerce, la double route maritime des Indes. En premier la nouvelle voie empruntée par le canal de Suez puis celle, plus ancienne, qui contournait l’Afrique  par le Cap de Bonne Espérance. Tout en garantissant ces voies, naturellement, par une route terrestre. 

Le traité de Vienne, qui avait subi les assauts conjugués du Réveil des Nationalités et de la Révolution Industrielle, fut alors secouru par le Congrès de Berlin qui s’ouvrit en 1878 à l’instigation de Bismarck. Son objet était de modérer l’appétit des Puissances sans les muer en frustrations.

* * *

C’est alors qu’en Turquie, le sultan calife Abdul Hamid II, toujours sous la pression de l’Europe et l’impatience russe, donna le sentiment de vouloir moderniser son pays en convoquant, à Istanbul, le parlement ottoman. Celui-ci comptait 700 députés qui s’exprimaient en 16 langues et représentaient 11 religions ou confessions différentes. Cependant, cette éphémère mascarade de démocratie n’empêcha pas le monarque, impatient, de St-Petersburg de lever son armée et de donner au conflit qu’il engageait contre la Turquie l’aspect d’une Croisade de l’Orthodoxie contre l’Islam, la croix contre le croissant. Très rapidement, cette fois encore, les Russes furent aux portes d’Istanbul et cette campagne détacha de l’Empire Ottoman la Roumanie, la Serbie et le Monténégro qui jouirent d’une indépendance complète. Des aménagements d’autonomie furent, également, consentis pour les Slaves orthodoxes de Bulgarie. L’islam reculait toujours.

A la demande du sultan, les Britanniques surent arriver à temps pour empêcher les Russes de pousser plus loin leur conquête en investissant Istanbul. Pour le prix de son intervention, et par l’engagement que le cabinet de sa majesté prenait de défendre les Provinces Asiatiques de l’Empire contre tout nouvel assaut russe, Abdul Hamid II cédait aux britanniques l’île de Chypre.

Le nouvel ordre en Europe ne pouvait se faire qu’au détriment de la Turquie qui cédait à tout va, aux banques occidentales, les concessions rentables situées à l’intérieur de son empire. Des sommes énormes disparaissaient dans les poches des dignitaires ottomans où les garnisons de soldats, instruites seulement pour les parades militaires et la répression des révoltes, étaient dépourvues du nécessaire.  Ainsi donc le Congrès de Berlin, sans trop se préoccuper de la Sublime Porte, entérina le détachement définitif des provinces chrétiennes de l’empire en reconnaissant leur indépendance. Il reconnut, également, la cession de Chypre à l’Angleterre et autorisa, à sa guise, un partage -qui convenait surtout à Bismarck qui s’était servi le premier en absorbant l’Alsace-Lorraine- en concédant par exemple la Bosnie-Herzégovine à l’Autriche et la Tunisie à la France. Dans le cas de la Tunisie, cette cession se réalisa scandaleusement au détriment de l’Italie, plus proche par la géographie et qui comptait, sur place, beaucoup plus de nationaux et de sympathisants.  

En favorisant l’Autriche et la France Bismarck essayait de les amadouer,  -leur faire oublier Sadowa et Sedan- car il avait conscience que l’unification allemande si elle ne s’était pas accomplie à leur détriment, s’était réalisée sur le compte de leurs espérances. 

* * *

La Turquie, et l’Islam assoupi, n’étaient plus ressentis comme une menace en Europe. L’Angleterre, qui menait magistralement son jeu, était hantée dans son ambition à trouver des maillons fiables qui permettraient la relâche de ses navires sur le trajet magique de sa prospérité. Après Malte et Chypre, elle ne put s’empêcher d’occuper l’Egypte, puis le port d’Aden en Arabie, alors même que là-bas, sur la route qui contournait l’Afrique, l’île de Ste Hélène, la ville du Cap et l’île Maurice étaient depuis longtemps sa possession.

Ce camouflet anglais, à la barbe même du sultan, que représenta l’occupation de l’Egypte et d’Aden, fit le jeu de l’Allemagne qui elle, n’avait aucune revendication territoriale à présenter à la Turquie. C’est ainsi qu’une ère d’estime réciproque s’instaura entre les deux pays. Elle fut concrétisée par la visite du jeune empereur Guillaume II au sultan.  Une dizaine d’années plus tard, alors que des échanges de tous ordres s’étaient multipliés entre les deux pays, l’empereur fit une seconde visite au sultan dans le cadre d’un voyage qu’il entreprit en Terre Sainte.   Il essuya, à cette occasion, un refus de sa part de concéder la moindre parcelle de Palestine à un quelconque établissement juif dans ce pays. Par contre, une année plus tard, le Sultan accorda à un groupe allemand la construction du chemin de fer vers Bagdad et Bassora alors qu’il s’y était opposé auparavant, lors de cette même entrevue au sujet de l’état juif.

L’Allemagne, réservée, patiente et disciplinée, avait sa propre politique de pénétration dans cet empire moribond qui lui faisait favoriser les échanges commerciaux et la formation technologique des élites. 

L’Angleterre quant à elle projetait dans l’atmosphère feutrée de ses ministères les plans d’une liaison terrestre vers les Indes qui passerait par Damas, Bagdad, Bassora ou Téhéran et attendait elle aussi son heure pour la réaliser.

 Dans l’empire ottoman la France, si elle en avait eu les moyens, se serait approprié le Liban ou la Syrie pour venir en aide aux chrétiens qui y étaient toujours demeurés.

En Turquie, enfin,  le peuple lassé du long règne d’Abdul Hamid II qui avait usé toutes les ficelles pour refuser l’ouverture démocratique applaudit à la prise du pouvoir par les « Jeunes Turcs » en 1908 et fut satisfait de l’abdication du Sultan Calife. 

A suivre,

*Le Mouvement sioniste a évidemment aussi de profondes racines dans l’histoire du peuple juif, mais il semble que certains de ses dirigeants ont ete encourages par le succes de cette organisation americaine.
On peut dire aussi qu’elle a inspiré le baron Maurice de Hirsch (1831-1896) , promoteur de l’émigration des Juifs russes en Amerique du Sud dans son désir de trouver un refuge pour les Juifs russes
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