La réponse de Dina Rubina

Je me permets de reposter la Lettre Ouverte de Dina Roubina , écrivain russe et israélienne, en réponse à un mail du Pushkin House de Londres qui lui demandait de “clarifier sa position sur Israel”, ceci avant de décider de l’inviter, ou pas! Cette réponse a été publiée sur le site Truth of the Middle East* le 8 mars.

(Dina Rubina)

« Il y a peu, the Pushkin House de Londres, m’a invitée à un débat littéraire diffusé sur Zoom. La conversation devait porter sur mes livres. Je viens de recevoir cet e-mail du modérateur de cette réunion.
Je vous suggère de le lire, ainsi que ma réponse.

De : Nataliya Rulyova
Bonjour, Dina !
La Maison Pouchkine a annoncé notre prochaine conférence sur les médias sociaux et a immédiatement reçu des messages critiques concernant votre position sur le conflit israélo-palestinien. Ils voulaient comprendre votre position sur cette question avant de répondre. Pourriez-vous formuler votre position et me l’envoyer dès que possible ?
Je vous prie d’agréer, Madame, l’expression de mes salutations distinguées,
Natasha

De : Dina Rubina
Chère Natalia !
Vous avez magnifiquement écrit sur mes romans, et je suis vraiment désolée pour le temps que vous avez perdu, car apparemment, nous devons annuler notre rencontre.
Les universités de Varsovie et de Torun viennent d’annuler les conférences du merveilleux écrivain israélien de langue russe Yakov Shechter sur la vie des Juifs de Galicie aux XVIIe et XIXe siècles – « pour éviter d’aggraver la situation ».
Je me doutais que cela me toucherait également, puisque le milieu universitaire est désormais le principal vivier de l’antisémitisme le plus dégoûtant et le plus virulent, déguisé en soi-disant « critique d’Israël ».
Je m’attendais à quelque chose de ce genre, et j’avais même décidé de vous écrire un mail à ce sujet… mais je l’avais mis de côté. Il est temps pour moi de le publier .

Voici ce que je veux dire à tous ceux qui attendent de moi un rapport rapide et obséquieux sur ma position à l’égard de mon pays bien-aimé, qui vit actuellement (et depuis toujours) cerné d’ennemis féroces qui cherchent à le détruire. Mon pays qui mène aujourd’hui une guerre juste contre un ennemi enragé, impitoyable, trompeur et rusé.

La dernière fois que je me suis excusée, c’était à l’école primaire, dans le bureau du directeur, j’avais 9 ans. Depuis lors, je fais ce que je pense être juste, n’écoutant que ma conscience et exprimant exclusivement ma compréhension de l’ordre mondial et des lois humaines de la justice.
Natalia, merci pour vos efforts, et je vous demande personnellement d’envoyer ma réponse à tous ceux qui s’interrogent :

« Le 7 octobre, samedi, jour de la fête juive de Simchat Torah, le régime terroriste du Hamas, impitoyable, bien entraîné, bien préparé et bien équipé par l’Iran, le Hamas qui règne dans l’enclave de Gaza (qu’Israel a quittée il y a une vingtaine d’années), a attaqué des dizaines de kibboutzim pacifiques, et bombardé mon pays de dizaines de milliers de roquettes.
Le Hamas a commis des atrocités que même la Bible ne peut décrire, des atrocités qui n’ont rien à envier aux crimes de Sodome et Gomorrhe. Atrocités filmées soit dit en passant, par des caméras GoPro, les meurtriers ayant poussé l’horreur jusqu’à envoyer les images à leurs familles ou sur les réseaux sociaux en temps réel.
Pendant des heures, des milliers de bêtes joyeuses et ivres de sang ont violé des femmes, des enfants et des hommes, tirant dans l’entrejambe et la tête de leurs victimes, coupant les seins des femmes et jouant au football avec, éventrants les femmes enceintes et décapitant immédiatement leurs bébés, attachant et brûlant les petits enfants. Il y avait tellement de cadavres carbonisés que, pendant de nombreuses semaines, les médecins légistes n’ont pas pu faire face à l’énorme charge de travail que représentait l’identification des individus.
Une de mes amies, qui a travaillé aux urgences d’un hôpital new-yorkais pendant 20 ans, puis en Israel pendant 15 ans, a été l’une des premières à arriver dans les kibboutzim, au sein d’une équipe de secouristes et de médecins.
Elle n’arrive toujours pas à dormir depuis. Alors qu’elle est une spécialiste des urgences, habituée aux corps disséqués et aux cadavres, elle s’est évanouie quand elle a vu ce spectacle macabre et a vomi pendant tout le trajet de retour dans la voiture.
Parmi les militants du Hamas, des civils palestiniens se sont engouffrés, participant à des pogroms d’une ampleur inouïe, pillant, tuant, traînant tout ce qui leur tombait sous leurs mains.
Parmi ces « civils palestiniens » se trouvaient 450 membres de cette organisation tellement côtée l’UNRWA (Office de secours des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient).
A en juger par la joie totale de la population (également capturée par des milliers de caméras mobiles), le Hamas est soutenu par la quasi-totalité de la population de Gaza..
Mais l’essentiel est là pour nous : plus de deux cents israéliens, dont des femmes, des enfants, des personnes âgées et des travailleurs étrangers, ont été entraînés dans l’antre de la bête.
Une centaine d’entre eux pourrissent et meurent encore dans les cachots du Hamas. Il va sans dire que ces victimes, dont on continue à se moquer, ne préoccupent guère la « communauté universitaire ».
Mais ce n’est pas de cela que je parle en ce moment. Je n’écris pas cela pour que quelqu’un compatisse à la tragédie de mon peuple.
Pendant toutes ces années, alors que la communauté internationale a littéralement déversé des centaines de millions de dollars sur ce bout de terre (la bande de Gaza) – et que le budget annuel de l’UNRWA équivaut à lui seul à un MILLIARD de dollars! – Pendant toutes ces années, le Hamas a utilisé cet argent pour construire un empire avec un système complexe de tunnels souterrains, stocker des armes, enseigner aux écoliers dès l’école primaire à démonter et à assembler un fusil d’assaut Kalachnikov, imprimer des manuels scolaires dans lesquels la haine d’Israël est indescriptible, dans lesquels même les problèmes de mathématiques ressemblent à ceci : « Il y avait dix Juifs, le shahid en a tué quatre, combien en reste-t-il ?… », appelant au meurtre des Juifs avec chaque mot.
Et maintenant, quand, enfin choqué par le crime monstrueux de ces salauds, Israel mène une guerre d’anéantissement contre les terroristes du Hamas, qui ont si soigneusement préparé cette guerre, qui ont placé des milliers d’obus dans tous les hôpitaux, les écoles, les jardins d’enfants… – c’est là que le milieu universitaire du monde entier est sur la défensive, préoccupé par le « génocide du peuple palestinien » – sur la base, bien sûr, de données fournies par… qui ?
La communauté universitaire, qui ne s’est pas préoccupée des massacres en Syrie, ni du massacre en Somalie, ni des mauvais traitements infligés aux Ouïghours, ni des millions de Kurdes persécutés par le régime turc depuis des décennies, cette communauté très inquiète, qui porte au cou des arafatka* – la marque de fabrique des meurtriers – et se rassemble sous le slogan « Libérez la Palestine de la rivière à la mer », ce qui signifie la destruction totale d’Israël (et des Israéliens).. Ces “universitaires », comme le montrent les sondages, n’ont aucune idée d’où se trouve ce fleuve, comment il s’appelle, où se trouvent certaines frontières. Et c’est ce même public qui me demande « d’exprimer une position claire sur la question ».

Vous êtes vraiment sérieuse ?
Je suis, vous le savez, écrivain de profession, depuis plus de cinquante ans. Mes romans ont été traduits en quarante langues, dont l’albanais, le turc, le chinois, l’espéranto… et bien d’autres encore.

Maintenant, avec grand plaisir, sans trop choisir mes expressions, je souhaite sincèrement et de toute la force de mon âme à tous les « intellectuels » sans cervelle qui s’intéressent à ma position d’aller se faire foutre.
En fait, vous y irez bientôt tous sans moi. 

Dina Rubina »

Cet échange de mail s’est fait à l’initiative de Natalyia Rulyova.
Madame Rulyova est est professeur de russe au Département de langues modernes de l’Université de Birmingham. Elle fait partie de l’Institut Pushkin House* qui se décrit comme étant:
Un centre culturel indépendant avec un programme d’événements, d’expositions et d’initiatives communautaires.
Indépendant?

La réponse de Dina Rubina, écrivain israélienne reflète exactement ce que pensent les Israéliens de la veulerie hypocrite des bien-pensants intellectuels occidentaux, de cet antisémitisme à mots feutrés, policés, qui caractérisent ce qu’on appelle l’antisémitisme chic par rapport à l’antisémitisme choc que sont les attaques physiques.


Bien sûr, après la réponse magnifique et percutante de Dina Rubina, the Pushikin House qui invitait le public à son émission  » Dina Rubina in Conversation with Natasha Rulyova »:
THU 21 MARCH 2024
08:30—10:00 PM
a indiqué:
We’re not currently accepting event registrations on this form

A bientôt,

*Dina Rubina:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dina_Rubina


*The Pushkin House:
https://www.pushkinhouse.org/

*Arafatka: il s’agit de ce foulard du Moyen -Orient appelé autrefois keffyié qui a ete renommé arafatka d’après le nom du terroriste Yasser Arafat


*L’article de Trust of the Middle East:
https://truthofthemiddleeast.com/dina-rubina-open-letter/:
Il est aussi paru aujourd’hui sur Tribune Juive:
https://www.tribunejuive.info/2024/03/11/dina-roubina-ecrivain-russe-et-israelienne-a-repondu-a-la-maison-pouchkine-a-londres-qui-lui-demandait-de-clarifier-sa-position-sur-israel-avant-de-linviter/

Laisser un commentaire