L’année 2014 est presque écoulée. Elle n’a pas été facile, mais y en a-t-il une seule qui le soit?
Je me souviens de l’inquiétude, de l’angoisse à l’annonce de l’enlèvement de Naftali, Eyal et Gilad*…
Les jours passaient, des petites tables garnies de livres de Tehilim apparaissaient dans les supermarchés, centres commerciaux, stations de bus, les gens venaient, prenaient un livre et priaient.
Je me souviens de l’appel au secours de la mère de Naftali au Conseil des Droits de l’homme à l’ONU, personne dans la salle ne l’écoutait…
Je me souviens de l’inquiétude, de l’angoisse quand les missiles ont commencé à tomber.
De l’inquiétude, de l’angoisse quand les premiers réservistes ont été appelés.
Je me souviens du sourire de Matan Gotlieb, tué avec ses camarades dans une maison piégée: ils avaient répondu à l’appel d’enfants prétendument blessés
Ils savaient bien que les enfants de Gaza étaient utilisés comme appâts ou boucliers humains par leur propre famille mais qui peut résister à l’appel au secours d’un enfant?
Je me souviens du sourire de tous ces soldats tués.
« Autorisé à la publication » Une phrase terrible! Quand on la lit, on sait qu’un nouveau nom et un nouveau sourire vont arriver sur l’écran, sourire figé à jamais.
Je me souviens des paroles courageuses de Myriam Peretz qui a perdu ses deux fils dans des conflits antérieurs: »« Ce matin, je suis allée au cimetière pour raconter à mes fils ce qui s’est passé, puis je suis allée voir ma petite fille à Ein Tsurim pour lui chanter des chansons. Car nous devons continuer à vivre. Il faut que les familles endeuillées sachent que si nous sommes en vie c’est grâce à leurs fils. Il n’y a plus de gauche ou de droite. Nous sommes tous réunis dans la douleur et la volonté de vivre…Nous avons perdu des enfants qui avaient des rêves mais regardez autour de vous! Grâce à eux, d’autres enfants courent dans les parcs. »
Mais je me souviens aussi de notre élan collectif, de la solidarité de tout un peuple, des tables à nouveau installées dans les stations de bus, les centres commerciaux et des groupes qui se formaient spontanément pour prier.
Je me souviens des banderoles de soutien, des drapeaux, des paquets, de ces immenses tentes à la frontière dressées par des particuliers, où les soldats pouvaient avoir une douche chaude, des repas et de l’affection
Je me souviens des paquets, des lettres et des dessins d’enfants sur les blindés,
du sourire de Mona Lisa, arabe chrétienne et officier, une de nos hirondelles* qui me font espérer:
et de ces incroyables photos parues sur facebook:
Du sourire de nos drôles de dames: Yonat Daskal, Tal Shahar, Noam Dan, Tamar Bar Ilan
Du visage Noa Teitel, la soldate qui par sa réactivité a permis la découverte des tunnels et ainsi empêché une attaque terroriste de grande envergure pour Rosh Hashanah.
Je me rappelle Daniel Tregerman, fier de sa tour en Lego et de son maillot de foot, celui de Messi. Il avait 4 ans lorsqu’un missile tiré de Gaza lui coûta la vie.
Mais aussi les anonymes qui tous les jours sont partis au travail, embrassant leurs enfants et leur disant de ne pas avoir peur, que tout irait bien….
Et cet inconnu de Beer Sheva qui s’était précipité pour protéger un jeune père et son bébé.
A nouveau la terreur, les noms des morts…
Celui de Haya Zissel Braun qui n’avait que 3 mois.
Mais je veux me rappeler aussi le sourire de Zidane Seif, le policier druze qui a donné sa vie et empêché un carnage plus terrible dans la synagogue d’Har Nof.
Dans quelques heures ce sera Shabbat. Une chanson qu’on entend beaucoup en ce moment me trotte dans la tête:
« A nouveau vendredi, l’air respire, la lumière et l’ombre jouent à chat perché, la table est dressée, des photos de notre enfance sur les murs, des processions en blanc reviennent de la synagogue…
Et cette odeur qui griffe mon cœur, se faufile furtivement et ouvre des portes vers un petit bonheur, celui d’un ancien chant qui passe par chez nous depuis des générations
Des petits cadeaux, quelqu’un m’a envoyé des petits cadeaux, des éclats d’intentions, des pointillés de foi…
Des petits cadeaux. Quelqu’un m’a envoyé des petits cadeaux comme la force d’accepter ce qu’il n’y a pas et ce qu’il y a… Que peut-on encore demander?
C’est à nouveau vendredi: un balcon, un journal…Le soleil s’efface peu à peu comme nos soucis, de simples mélodies nous éclaboussent depuis la fenêtre et aucune tempête ne brisera ici le silence
Des petits cadeaux, quelqu’un m’a envoyé des petits cadeaux, des éclats d’intentions des pointillés de foi…
Des petits cadeaux.
Quelqu’un m’a envoyé des petits cadeaux comme la force d’accepter ce qu’il n’y a pas et ce qu’il y a… Que peut-on encore demander?
Car Tu nous as créés et Tu nous as sanctifiés, Bénis-sois Tu Seigneur qui sanctifies le shabbat
Et cette odeur qui griffe mon cœur, se faufile furtivement et ouvre des portes vers un petit bonheur, celui d’un ancien chant qui passe par chez nous depuis des générations
Des petits cadeaux, quelqu’un m’a envoyé des petits cadeaux, des éclats d’intentions, des pointillés de foi comme la force d’accepter ce qu’il n’y a pas et ce qu’il y a… Que peut-on encore demander?…
Des petits cadeaux… »
Hier soir encore, des terroristes ont lancé un coktail Molotov contre une voiture et blessé un père et sa fille. La petite fille de 11 ans est très gravement brûlée et lutte actuellement pour sa vie. Elle s’appelle Ayala bat Ruth Shapira
Malgré tous les nuages noirs et les tempêtes qui s’amoncellent, malgré l’hiver islamique et ses horreurs, je nous souhaite une année 2015 douce et lumineuse où nous profiterons de chaque instant passé avec ceux que nous aimons.
שבת שלום
Shabbat Shalom
A bientôt,
* Eyal, Naftali et Gilad:
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2014/06/16/eyal-gilad-et-yaakov-naftali/
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2014/07/01/eyal-gil-ad-et-yaakov-naftali-ont-ete-assassines-par-des-terroristes/
* Deux ou trois hirondelles:
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2014/06/27/deux-ou-trois-hirondelles/