La vallee du térébinthe

Au sud de Jérusalem se trouve la région de Emek Haela (la vallée du térébinthe)

terebinthe

 Une vallée encore sauvage qui descend d’abord vigoureusement puis en pente douce jusqu’à Bet Guvrin dans  la plaine:

emek haela

C’est une région de vignobles et on peut y  déguster un délicieux Sauvignon blanc.

Et si vos pas vous y emmènent, allez visiter les caves, voici un guide:

http://www.ellavalley.com

C’est là que David tua Goliath avec sa fronde il y a 3000 ans:

« Shaoul et les hommes d’Israël se rassemblèrent et campèrent dans la vallée du térébinthe et ils se rangèrent en bataille face aux Philistins » 1 Samuel, 17-1,2

et comme on y a retrouvé d’anciens pressoirs  datant  de la même époque,  on peut tout à fait penser que David (et même Goliath, pourquoi pas?) devaient connaître les bons coins sous les tonnelles.

Mais il n’y a pas que le vin:

En 2008, le professeur Garfinkel a trouvé les ruines d’une ville judéenne (on est dans les collines de Judée) de la période du Roi David: de nombreux ustensiles, des pointes de lances en fer et des restes de murailles sur un large périmètre:

emek haela archeologie

Tout cela nous indique qu’il  s’agissait d ‘une ville importante  et fortifiée. Et pas n’importe laquelle! Les deux larges ouvertures dans les fortifications, les deux portes de la ville, identifient le site comme étant celui de Shaarayim (les deux portes)! C’est la seule ville judéenne de cette époque là  à posséder deux portes: Elle est  mentionnée tout d’abord dans Josué 15,36.

Et  si vous lisez 1 Samuel 17,52:  » Les corps des Philistins morts (dont Goliath) et blesses jonchaient la route de Shaarayim jusqu’à Gath et Ekron« , et 1 Chroniques4,31: « Beth Markaboth, Hazar Soussim, Beth biri et Shaarayim . Ces villes étaient sou le contrôle du roi David. »,  vous vous transportez alors, d’un coup,  3000 ans en arrière et vous apercevez David, le jeune rouquin avec sa fronde, tout petit devant un grand Goliath fanfaronnant.

Plus près de nous la vallée de Ela s’est rendue tristement célèbre en 1948 par le massacre de 35 soldats du Palmach venus secourir les kibboutzim  du Goush Etsion* (la région du sud de Jérusalem).

Dans ces 20 km  entre Bethlehem et Hebron; les Juifs avaient été plusieurs fois massacrés, entre autre en 1929 à Hebron et à  Migdal Eder. En 1935 pourtant, un nouveau kibboutz est fondé :Kfar Etsion** qui résiste 3 ans aux attaques arabes  continuelles de 1936 a 1939.

Les Juifs abandonnent le terrain en 1939 mais reviennent en 1943 et fondent  aussi les kibboutz de Massouot Yitshak, Ein Tsurim et Revadim.

Après la déclaration du l’ONU le 29 novembre 1947, le Goush Etzion se trouve dans le secteur arabe sous le feu de la légion de Tansjordanie et coupé de Jérusalem. Pour  venir en aide aux habitants juifs, le Palmach*** organise des convois,  mais comme les Britanniques ont décidé que des convois blindés attiseraient la colère des Arabes, les expéditions se font en convois ouverts. Après deux attaques très meurtrières, le Palmach change de tactique: en janvier 1948, alors que  600 soldats  jordaniens et  des centaines de paysans arabes attaquent le Goush Etsion,  35 soldats du Palmach décident de partir à pied, lourdement chargés d’armes et de matériel médical.  Presque  arrivés, ils sont aperçus par un berger arabe qui donne aussitôt l’alarme et sont massacrés par des centaines de villageois. Les Arabes les mutilent tant que les corps sont difficilement identifiables en particulier pour 12 d’entre eux.

Je laisse au rabbin Elie Kahn zal le soin de vous raconter la suite:

 » Comment faire pour identifier les 12 corps restants? Les moyens scientifiques de l’époque n’étant pas suffisants pour régler cette question.
On s’adressa au Rav Tsvi Pessah’ Frank, Grand Rabbin de Jérusalem. Celui-ci décida d’avoir recours à ce qui s’appelle « Goral Hagra », le « sort » du Gaon de Vilna.
Plutôt que d’expliquer de manière abstraite de quoi il s’agit, nous allons décrire ce qui se fit.
On demande au Rav Arié Lévine, une des figures les plus connues de Jérusalem d’accomplir cette lourde tâche.
Pour déterminer qui était enterré où, on ouvrit 11 fois le Tanakh, et le dernier verset de la page devait indiquer l’identité de la personne (la 12éme étant la restante). Chaque fois qu’on ouvrit le Tanakh, le nom ou prénom d’une des personnes enterrées apparut et toutes furent identifiées de cette manière. Le Rav Frank décréta que ces identifications étaient valables halakhiquement. Est-il autorisé d’en faire usage? Non. Il ne peut l’être que dans des circonstances extrêmement particulières, pour des besoins extraordinaires et par de grands rabbanim. » (site cheela.com)

En août 1949, des anciens du Palmach fonderont le kibboutz Netiv Halamed He (le chemin  des 35) en souvenir de leurs camarades:

kibbutz netiv halamed he les noms

Une ballade a été composée par le poète Yoram Taharlev en leur honneur.

A bientôt,

* Goush Etsion: Goush signifie bloc et parfois région,  Etsion a été formé à partir des mots Etz (arbre)  et Tsion, Sion bien sûr en français, d’après le nom de Samuel Holzman ( Holz= arbre en allemand)  qui avait acheté les terres.

** Le kibbutz Kfar Etsion fut totalement détruit  le 14 mai 1948 et ses habitants massacrés par la Légion arabe. En 1967, le kibbutz fut reconstruit.

**Le Palmach, groupe d’élite de soldats juifs fut créé en 1941 à la demande des Anglais quand le Moyen Orient vivait sous la menace des troupes de Rommel. Il comprenait entre autre  une unité de combat composée de Juifs allemands chargés des missions d’infiltrations dans l’armée allemande, une unité Balkans, entièrement parachutée dont faisaient partie Enzo Sereni et Hanna Szenesh.  Après 1945, le Palmach a joué un rôle important dans la lutte  contre la politique du mandat britannique hostile aux Juifs et s’est rendu célèbre par ses actions de sabotage mais aussi par son aide à l’immigration illégale des Juifs.

2 réflexions sur “La vallee du térébinthe

  1. ¡ Gracias Hanna ! J’ai pu montrer à mon fils David, neuf ans (qui connaissait l’histoire de David et Goliath), le lieu de sa victoire, lieu que je ne connaissais pas. Emotion aussi à votre évocation du Palmach. Vous connaissez probablement le musée qui lui est consacré, à Tel Aviv. Passionnant, d’autant plus que l’on peut y rencontrer des anciens.

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