Certains craignent que nous devenions une dictature raciste et homophobe, c’est pourquoi j’ai préparé une suite de 5 articles qui vous donneront une image plus précise de la situation actuelle et qui, je l’espère, apaiserons vos craintes.
Au mois de novembre 2022, nous avons eu droit à de nouvelles élections consécutives à la perte de majorité du gouvernement Lapid. La participation au vote a été la plus forte de ces vingt cinq dernières années. Et le résultat a été que nous avons maintenant un gouvernement de droite ce qui amené certains, parfois en tout bonne conscience, à le déclarer fasciste et raciste. Sans vouloir chipoter sur leur ignorance de ce mot, je pense que les changements de la société israélienne sont très mal perçus à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur du pays, parce que le mainstream des idées de la gauche bien pensante pèse lourd autant dans les médias, que dans les universités.
Les déçus des résultats de ces élections hurlent à la mort de la démocratie ne voulant pas admettre le fait que justement la démocratie est le fait d’accepter la décision majoritaire. Autrement, nous serions en dictature. Ils se confortent dans leur bulle idéologique hors-sol sans se rendre compte que les choses dérivaient bien trop loin.
Aussi, je vais vous présenter ici le chemin d’un homme qu’ils jugent lui-aussi fasciste, Mordekhai Kedar, éminent orientaliste et qui fut autrefois un homme de gauche.
Son histoire est complexe. En effet, Kedar est né il y a 70 ans dans une famille religieuse sioniste, et a grandi dans un environnement proche du Mafdal*, on pourrait dire actuellement proche de Betzalel Smotrich*.
Comme il a étudié l’arabe, il est incorporé à l’armée dans l’unité 8200 des renseignements militaires. En 1982, la première guerre du Liban, (opération Shlom Hagalil, Paix en Galilée) est pour lui un véritable choc. En effet, en tant qu’homme des renseignements mais aussi homme de terrain, il estime que le ministre de la Défense Arik Sharon et le chef d’état-major Rafoul (Rafael Eytan), commettent de nombreuses et graves erreurs. Dans une interview, où il revient sur ce sujet, il déclare que leurs décisions ont causé d’inutiles pertes dans nos rangs y compris celles de soldats tués par des tirs amis. « Ce dont j’étais témoin m’a amené à penser qu’il devrait être interdit de confier l’armée à ces incapables et que des hommes bien plus responsables devraient être nommés au pouvoir. » écrit-il.
Quand il quitte l’armée en 1995, il rejoint une organisation de gauche נתיבות שלום (Netivot Shalom), Chemins de paix, l’équivalent religieux de שלום עכשיו (Shalom Akhshav), la Paix Maintenant.
Mordekhai Kedar : « En fait je pensais comme eux depuis 1993, du jour où ont été signés les accords d’Oslo car je voulais donner une chance à la paix. En tant qu’homme de gauche, j’espérais que ces accords signés à la Maison Blanche en septembre 1993 apporteraient enfin le repos et serait bénéfiques au peuple d’Israel.
Bien sûr, je connaissais le monde arabe mais j’avais cet espoir. Il faut dire que c’était aussi l’esprit qui dominait chez les politiques et qu’à l’armée de nombreux officiers y souscrivaient…
En 1996, un an après l’assassinat de Rabin, je me suis parti en bus rencontrer Arafat à Gaza avec plusieurs organisations pour la paix. Sans doute parce que j’étais le seul à parler arabe, le groupe a décidé que je prendrai place à côté d’Arafat. Je me trouvais donc à sa droite. A sa gauche se tenait son conseiller Nabil Abou Rodeyne et un peu plus loin tous les autres participants, y compris le journaliste des affaires arabes de Galei Tsahal, Tzvi Ye’hezkeli (qui lui aussi est passé de la gauche à la droite).
Arafat demande alors à Abu Rodeyne: Qui sont-ils?
Son conseiller grimace et lui dit en lui faisant un clin d’oeil: Ce sont les organisations juives pour la paix.
Arafat lui demande : Et que va-t-on leur dire ?
-Les conneries habituelles lui répond son conseiller
–J’ai entendu ceci, continue Kedar. J’ai entendu cette phrase! Est ce ainsi qu’ils s’intéresse à nous ? Ce qu’ils vont nous dire, ce sont les conneries habituelles ? Et là, Arafat commence un discours en anglais : Oui j’ai été le haver de Rabin, et Rabin voulait la paix, il a été assassiné à cause de ses convictions pacifistes… Moi aussi je veux la paix et je proclamerai un état palestinien après les cinq ans de la période de transition qui a commencé à l’été 1994.
)Mais moi, reprend Kedar, moi j’ai entendu cette phrase en arabe : Les conneries habituelles! Son double langage, son attitude envers nous et la paix! C’est là que mes convictions commencèrent à se fissurer.
Quelque temps après, j’ai refusé de participer à une manifestation parce que je devais travailler. Un des participants arabes de la manifestation me dit alors: Ah oui, tu enseignes? Rejoins-nous et nous nous soucierons de ton salaire.
Mordekhaï Kedar tombe alors de haut: Quoi on paye les gens pour qu’ils viennent manifester?
De plus, il ne peut plus passer outre la réalité: les terribles attentats des années 90*. Il ne peut plus non plus passer outre le fait que les discours d’Arafat en arabe sont totalement différents de ce qu’il dit en anglais pour ses auditoires à l’étranger ou à ses supporters Israéliens ignorants, fiers de leurs bons sentiments. Un des discours d’Arafat le heurte particulièrement: Arafat déclare en arabe, parlant devant un auditoire arabe: Vous savez, ces accords avec eux (les Israéliens), sont comme les accords que Mahomet a passé avec les habitants païens de la Mecque*.
Kedar tente de convaincre ses amis de gauche mais en vain. Il fait face à un mur de déni de la part des Juifs qui préfèrent se persuader que les paroles d’Arafat étaient nécessaires pour calmer ses propres extrémistes.
Finalement, quand en septembre 2000 éclate la deuxième intifada, la coupe est pleine. Tous les médias, ici comme à l’étranger, font porter la responsabilité des attentats à Ariel Sharon suite à sa visite sur le Mont du Temple (alors que celui-ci avait obtenu l’accord du Waqf). Pour Kedar, documents à l’appui, l’intifada a été en fait décidée au mois de mai 2000.
Cette date ne vous dit sans doute pas grand chose mais c’est celle du retrait des forces israéliennes du Liban. L’organisation dite des 4 mères a fait pression sur le gouvernement d’Ehud Barak jusqu’à ce qu’elle obtienne le retrait unilatéral et non préparé du Sud Liban. Les soldats qui sont sortis du Liban au mois de mai 2000 étaient certes heureux de rentrer à la maison mais honteux et furieux de partir en laissant au ‘Hezbollah le matériel militaire et surtout en abandonnant les soldats de l’ALS* ainsi que leur familles sans défense. Pour Kedar, cette sortie est une traitrise envers Israel et envers tous ceux qui ont combattu là bas. Elle a permit à Arafat de penser que nous étions faibles: Ils sont dirigés par 4 mères* disait-il.
Je reprends l’interview de Mordekhaï Kedar:
J’ai compris qu’il faut empêcher la gauche de gouverner car ils ne voient ni n’entendent ni bien sûr ne comprennent. J’ai compris aussi la différence entre Sharon et Rafoul (hommes de droite) qui avaient certes conduit la guerre du Liban d’une manière désastreuse mais avec de bonnes intentions contrairement à la gauche, qui sous couvert d’amour du prochain, a de mauvaises intentions,
Arafat voulait nous user jusqu’à ce que nous abandonnions la Judée et la Samarie pour qu’il y établisse son territoire et pour ensuite l’étendre jusqu’à Haifa et Tel Aviv. La gauche le sait pourtant mais ne l’intègre pas et nos ennemis ont compris depuis longtemps que les associations pour la paix étaient le meilleur moyen de nous détruire de l’intérieur.
J’ai compris qu’il fallait renforcer notre peuple par la droite car la paix au Moyen-Orient ne pourra se faire que si nous sommes forts, que si les autres comprennent qu’il est inutile et dangereux de nous attaquer. Nous serons toujours étrangers dans cette partie du monde car, au Moyen-Orient, celui qui n’est pas musulman sunnite est un étranger. Les Druzes ont bien compris cet état de faits et c’est pour cela qu’ils ont agi avec brutalité après l’enlèvement de Tiran Firo*.
La seule chose que nous puissions obtenir est une paix temporaire, qui, espérons le, sera du temporaire à long terme.
Je ne sais pas si comme Kedar le dit, la gauche a de mauvaises intentions, son post-sionisme utopique part peut-être d’une bonne intention: Soyons tous frères – clame-t-elle ! Mais elle est imbue d’elle-même, tellement fière de tendre la main à ceux qui veulent nous tuer qu’elle donc terriblement dangereuse, car le slogan des organisations palestiniennes: Nous libérerons la Palestine de la rivière (le Jourdain) à la mer est toujours d’actualité:
A bientôt,
* Le Mafdal ou Parti national religieux fut un parti politique israélien créé en 1956, et dissous en 2008. Il fit partie de chaque coalition gouvernementale jusqu’en 1992.
Betsalel Smotrich dirige actuellement le parti Sionisme Religieux (Hatsionout hadatit)
Contrairement à ce que affirmait Denis Charbit sur radio Qualita, ce n’est donc pas la première fois que le sionisme religieux est largement représenté à la Knesset.
* La liste des attentats dans les années 90 est impressionnante: plus de 200 en 10 ans.
* Les accords passés par Mahomet avec les habitants de la Mecque: en 628, Mahomet (représentant de Medine) avait passé un traité avec la tribu des Qoraysh (de la Mecque) restée païenne, mais au premier prétexte, il a marche sur La Mecque et conquis la ville.
* Les 4 mères: A la suite d’un très grave accident d’hélicoptères où 73 soldats ont été tués, quatre femmes israéliennes, ont créé le mouvement des Quatre Mères et ont réclamé un retrait unilatéral du Liban. Bien qu’elles aient toujours affirmé qu’elles étaient apolitiques, les quatre mères collaboraient avec Yossi Beilin du parti Meretz, parti qui se trouve à l’extrême gauche de l’échiquier politique.
* Les terroristes du ‘Hezbollah prenaient les familles en otage pour que les soldats de l’ALS (armée de chrétiens libanais alliés d’Israel) se rendent. C’est donc après ces épisodes que Tsahal a exfiltré un certain nombre d’entre eux et de leurs familles qui se sont installées en Galilée.
* Les Druzes et l’enlèvement de Tiran Firo:
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2022/11/28/les-druzes-et-lenlevement-de-tiran-firo/
* Les ONG pour la paix:
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2021/11/03/ces-o-n-g-que-nous-persecutons
* L’Open Society Foundation du milliardaire George Soros est l’un des plus grands donateurs non gouvernementaux.
* Mordekhaï Kedar a publié un article capital pour comprendre pourquoi les organisations pour la paix étaient en fait l’une des causes de la poursuite de la guerre:
https://rotter.net/forum/politics/9434.shtml