Les amis

Certains amis habitent tout près : on les voit d’entre nos géranium, on les invite sans façon, on bavarde, on leur dit: à demain!

D’autres habitent un peu plus loin, on part déjeuner avec eux ou bien on programme un week-end et on leur dit: à bientôt!

Il y en a d’autres qu’ on n’ a jamais rencontrés, on ne connaît pas leur visage, seulement leur nom ou leur pseudo, et on apprend à les apprécier au fur et à mesure qu’on les lit et on leur dit:  à bientôt sur le net!

Enfin d’autres viennent jusqu’à nous de très loin, sans qu’on s’y attende :
C’est ce qui nous est arrivé l’autre soir. Nous étions invités par des voisins à un concert à l’Université. Eux-mêmes ne savaient pas grand-chose sur le programme, en dehors du fait que la chorale du Conservatoire  où chante leur fille invitait une chorale japonaise.  Nous aimons bien la chorale du Conservatoire : les jeunes filles ont du talent et elles sont toutes très mignonnes, quant à la chorale japonaise, pourquoi pas ?

Nous avons vécu un moment exceptionnel :

Non seulement leur concert était techniquement parfait mais l’étaient aussi leur  talent  et leur humour, humour si « juif » quand ils ont interprété un nigoun* hassidique en mimant deux Juifs discutant entre eux. Ils ont chanté uniquement en hébreu les grands classiques que tout le monde connaît mais en y rajoutant une bonne dose de tendresse, de poésie et d’entrain.

(Concert à l’Université hébraïque de Jérusalem)

Les voici dans la vidéo ci-dessous lors d’un concert aux USA:

Tous les chants célébraient Israël ou Jérusalem sauf un, en japonais, à la mémoire des victimes du Tsunami: ils l’interprètent dans la vidéo ci-dessous  lors d’un concert aux USA.

« Ne pleure sur ma tombe, ce n’est pas là l’endroit de mon repos. Je suis les milliers de vents qui soufflent, je suis les cristaux de neige qui t’enveloppent, je suis les rayons du soleil qui chauffe les gerbes de blé mûres. J’enflamme  les fruits dans la cour, je suis la douce pluie de l’automne. Et quand tu t’éveilleras au matin silencieux, je joindrai mes ailes dans le ciel du divin, les ailes des oiseaux qui planent en cercles. Je suis la tendre lumière des étoiles dans la nuit. Ne pleure pas sur ma tombe, je n’y suis pas, je ne suis pas mort »

(traduit à partir du texte en hébreu)

Ils ont terminé le concert par la prière pour la paix du pays et bien sûr par l’Hatikva chantée avec tous les auditeurs qui ne voulaient plus les laisser partir.

Nous ignorions tout de ce groupe mais ce n’était pas le cas de tout le monde puisqu’en plus du président de l’Université hébraïque de Jérusalem et de l’ambassadeur du Japon en Israël, l’un des anciens présidents d’Israël, Yitshak Navon,  s’était déplacé pour le concert.

Et nous avons appris qu’au Japon,  à Kyoto, existe un mouvement religieux chrétien, non prosélyte (très important pour moi) nommé Beit Shalom (la maison de la paix). Ce mouvement a été fondé en 1938 par Takeji Otsuki. Actuellement, il compte une centaine d’églises et environ 10 000 fidèles.  Ils considèrent que leur mission est de prier pour le peuple juif, son retour sur sa terre et la paix a Jérusalem, mais ils ne judaïsent pas. La plupart d’entre eux viennent étudier en Israël et parlent couramment l’hébreu ( j’ai vérifié !).

Il y a quelques années, ils ont fondé un centre d’étude de la  Shoah dont le jardin est fleuri de roses, les « roses de Anne », nommées ainsi d’après Anne Frank. C’est Otto Frank, le père d’Anne, qui leur avait envoyé les premières.

En dehors de leurs tournées de concert dans le monde juif et en particulier en Israël, ils coopèrent avec le KKL et ont ainsi planté une forêt à Shaar Hagai, le long de la route entre Jérusalem et Tel Aviv.

Cela m’a rappelé un ami d’Israël aujourd’hui disparu, le consul du Japon a Kovno (Lituanie), Chiune Sugihara,  qui a sauvé des milliers de Juifs en contrevenant aux ordres de Tokyo  et en leur permettant de s’échapper a travers l’URSS jusqu’à Vladivostok:  certains arrivèrent alors à Shanghai, d’autres transitèrent par le Japon pour se réfugier dans la colonie hollandaise de Curaçao.

Il a été honoré par le gouvernement israélien comme Juste parmi les Nation.

A bientôt,

*nigoun: mélodie hassidique sans paroles