La ville de David עיר דוד

A tous nos ancêtres qui, fidèlement, obstinément, ont pleuré la destruction de Jerusalem et n’ont pas pu la voir revivre.

Au sud du Kotel et du mont du Temple se trouve un grand site archéologique, עיר דויד (ir David) ou ville de David. Il fait partie du parc national Les murailles de Jerusalem qui sont une large bande de verdure qui contourne les murailles de la ville.


Le site se trouve sur la colline de l’Ophel qui est le nom d’une forteresse gardant la ville au sud-est*.  Il est question de la muraille de l’Ophel sur la stèle de Mesha* trouvée en bordure du site et du village de Silwan.

(La stèle de Mesha se trouve actuellement au Musée du Louvre,
elle raconte les guerres entre les rois du royaume d’Israel et les Moabites)

Le village de Silwan a ceci de particulier qu’il était habité par de nombreux Juifs originaires du Yemen ainsi que des Juifs Karaïtes qui en ont été chasses en 1948  et s’y sont réinstallés après la guerre des 6 jours en 1967. Bien que la population musulmane y soit souvent violente à leur égard, 62 familles juives y sont retournées à ce jour,  dont la famille Meyuhas qui a reconstruit sa maison datant de 1875.

Mais retournons à la période biblique. Silwan autrefois s’appelait Shiloa’h, célèbre pour sa piscine, le grand réservoir d’eau de la ville dans l’antiquité.

C’est là qu’avaient lieu les festivités de שמחת בית השואבה (sim’hat beit hashoeva). Ça devait être hollywoodien me disait mon ami Yossi Cohen*.
Il est écrit dans la Mishna מִי שֶׁלֹּא רָאָה שִׂמְחַת בֵּית הַשּׁוֹאֵבָה – לֹא רָאָה שִׂמְחָה מִיָּמָיו. Celui qui n’a pas vu la joie de sim’hat beit hashoeva, n’a jamais vu de joie de sa vie .
 Des milliers des personnes  y participaient en chantant et en dansant au son des lyres et des tambourins, des trompettes et des shofars, pendant que les Cohanim, ayant offert un sacrifice,  puisaient de l’eau et la versaient depuis une soucoupe en or dans une tasse en argent,  percée par le fond, pour la laisser s’écouler en libation. Ils priaient ainsi pour que l’année soit pluvieuse.


(dessin Dafna Levanon)

Voici une video qui présente le chemin allant de la piscine de Shiloa’h au Kotel.

Le Roi David avait conquis cette forteresse יבוס-Yebus (Jebus).
David et tous les Israélites marchèrent sur Jérusalem, qui s’appelait Jébus. Là étaient les Jébuséens, qui occupaient le pays.  Mais ceux-ci dirent à David: « Tu n’entreras pas ici. » Toutefois, David s’empara de la forteresse de Sion, qui est la Cité de David. David avait dit: « Celui qui battra les Jébuséens en premier deviendra chef et prince. » Ce fut Yoav, fils de Cerouya, qui monta le premier, et il devint chef.  David s’établit dans la forteresse, qu’on nomma pour cette raison Cité de David.  Il ajouta des constructions à la ronde. Quant à Yoav, il restaura le reste de la ville...(2 livre de Samuel, 5)

David l’avait conquise pour des raisons à la fois
– Militaires: Le site se trouve à environ 800 m d’altitude et est donc facile à défendre

– Mais aussi politiques: Elle se trouve à la limite entre la Judée, territoire de la tribu de David (tribu de Yehuda) et celui de la tribu du roi déchu Shaoul (tribu de Binyamin)
– Et enfin, religieuses: Une des collines, le mont Moriah, celle qui accueillera plus tard le temple, est déjà considérée comme l’endroit ou Yits’hak aurait du être sacrifié par son père Avraham.

De nombreuses sources donnent de l’eau à la ville chaque printemps. La plus importante est le Gi’hon.


Bien plus tard, le roi Hizkiyahou entreprendra des travaux d’importance pour ravitailler plus facilement la ville :
Ce fut Ezéchias qui boucha l’issue supérieure des eaux du Ghihôn et les dirigea par en bas du côté occidental vers la cité de David, et Ezéchias réussit dans toutes ses entreprises. (2 Livre des Chroniques 33 30)
וְהוּא יְחִזְקִיָּהוּ, סָתַם אֶת-מוֹצָא מֵימֵי גִיחוֹן הָעֶלְיוֹן, וַיַּישְּׁרֵם לְמַטָּה-מַּעְרָבָה, לְעִיר דָּוִיד; וַיַּצְלַח יְחִזְקִיָּהוּ, בְּכָל-מַעֲשֵׂהוּ.
Le tunnel a une longueur de 533 m sur un dénivelé de 2,27 m.
Pourquoi ces grands travaux?  Ce grand tunnel et la construction de murailles plus conséquentes* sont généralement expliqués par le besoin de nourrir une population grossie de nombreux réfugiés lors de la chute du royaume d’Israel et de sa capitale Shomron.

A quelques mètres de la sortie du tunnel a été découverte en 1860 une pierre portant l’inscription suivante en hébreu:
Le creusement. Voici l’histoire du creusement. Pendant que les tailleurs de la roche brandissaient leurs outils chacun en face de ses compagnons, un moment où manquaient trois coudée (1,50 m) pour la perforation, la voix d’un homme fut entendue, demandant à son compagnon pourquoi il y avait une crevasse. À la droite… Le jour de la perforation, les mineurs frappèrent chacun pour rencontrer son compagnon… et les eaux s’écoulèrent de la source jusqu’à la piscine, environ 1200 coudées (533 m). La roche était à 100 coudées (50 m) au-dessus de la tête des tailleurs de la roche. 

(Cette pierre se trouve au musée des Œuvres de l’Orient Ancien à Istambul)

En 2005, l’archéologue Eilat Mazar annonce qu’elle a découvert les restes d’un grand bâtiment, pour elle il s’agit du palais du roi David. Elle se base sur le texte biblique, corroboré par les trouvailles de poteries datant du 10 ème siècle avant l’ère chrétienne et aussi sur le fait qu’une construction aussi élaborée avec de pareilles dimensions ne pouvait pas appartenir à l’ancienne forteresse militaire jebuséene.

De nombreux artefacts ont été retrouvés depuis. La plupart témoignent de la vie quotidienne aux périodes du premier et du deuxième Temple* et quelques uns de la période hellénistique. Il y a peu, les archéologues ont mit à jour des habitations, des restes calcinés d’arbres, des poteries et même de la nourriture (grains de raisons, arêtes de poissons) datant de la destruction du premier Temple par les Babyloniens en 586 avant l’ère chrétienne.

Ce sont les mêmes trouvailles que celles extraites des tonnes de terres rejetées par les bulldozers du Waqf*qui s’affairent sur le Mont du Temple pour détruire toute trace d’une présence juive.
Des découvertes fascinantes ont été faites, comme des tessons de récipients en pierre, des bijoux, des perles, des figurines en terre cuite, des pointes de flèches et autres armes, des poids de balances, des accessoires de mode, des dés à jouer, des incrustations d’os et de coquillages, des décorations de meubles, des objets en os et en ivoire et des fragments d’inscriptions sur pierre ou sur poterie.

Ce qui a bien amusé les volontaires à ces fouilles, ce sont tous ces dés, en os et en ivoire, datant de la période romaine. Il faut dire que dans la Mishna, les joueurs de dés étaient récusés comme témoins!
Ce sceau de la période du roi David  a fait les gros titres:

(photo Zeev Radovan Zachi Dvira)

Il a été découvert par Matvei Tcepliaev, un jeune volontaire de 10 ans qui participait aux fouilles pendant ses vacances.
En fait, dans toute cette zone, chaque seau de terre  contient des artefacts de toutes les périodes depuis la prise de Jebus par David, il y a presque 3,000 ans. 

Ce jour de Tisha Be’Av*, nous commémorons la destruction du Temple. J’ai eu envie de vous faire part de ces découvertes. Elles montrent  à quel point notre enracinement dans ce pays et dans cette ville est profond et ancien.
La chanteuse Etty Ankry raconte qu’un jour, prise dans un embouteillage sur la route, elle leva les yeux vers un panneau  qui indiquait la direction de Jerusalem. Elle pensa soudain que si Yehouda Halevy était là, à côté d’elle, il n’en croirait pas ses yeux.
Lui qui écrivait il y a déjà 1000 ans:
Mon cœur est en Orient et moi je suis aux confins de l’Occident.
ליבי במזרח ואני בסוף מערב
Lui qui avait été assassiné par la lance d’un cavalier arabe alors qu’enfin arrivé à Jerusalem, il se tenait appuyé aux pierres du Kotel…
Voici un poème de Yehuda Halavy, Yefe Nof, qui célèbre la beauté de Jerusalem. Il est interprété par Etty Ankri

A bientôt,

*Les Juifs karaïtes:
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2014/02/07/rencontre-avec-un-karaite/

*Joseph Cohen: L’histoire de l’écriture hébraïque, son origine, son évolution et ses secrets, ed Cosmogone, 1999

*Ophel en Samarie (Shomron):
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2016/08/10/la-samarie-et-les-samaritains/
Dans le Tanakh, il est mentionné que le prophète Elisha et son disciple habitaient à l’Ophel (partie fortifiée) de Shomron

*Histoire des murailles de Jerusalem:
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2014/05/23/dans-tes-murs-dans-tes-portes-jerusalem/

*stèle de Mesha:
https://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A8le_de_Mesha

*Trouvailles archéologiques sur le mont du Temple:
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2016/11/25/bonnes-et-mauvaise-nouvelles/

*Tisha beAv:
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2012/07/29/le-mois-de-av/
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2015/07/26/hadrien-si-tu-savais/
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2014/08/07/4980/
https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2013/07/15/tisha-beav/

Rencontre avec un Karaïte

Cette fois, je suis partie à Ramla.

Ramle, m’a-t-on dit, mais il n’y a rien à voir à Ramla! C’est une ville laide et plutôt pauvre!
Ramla est la seule ville construite par les Arabes* dans ce pays. Les vieux quartiers sont laids et tristes c’est vrai, mais il existe aussi un Ramla moderne avec de nombreux jardins publics.
En général, on s’arrête à Ramla le mercredi pour son shouk oriental qui déborde  les côtés du marché couvert mieux organisé.

ramle le shouk 1

Ce n’est pas une ville qui possède des merveilles architecturales mais  allez visiter la Piscine aux Arcades, ברכת הקשתות. Pour y arriver, vous descendrez un escalier très raide qui vous emmènera à un réservoir d’eau potable.
On peux même y faire un petit tour en barque!

Ramle piscine aux arcades 2

Ce  réservoir d’eau potable, typique de l’architecture abbasside, a été construit sous le règne du calife Haroun El Rachid . Sur un des murs on peut lire l’inscription suivante: « Au nom d’Allah le béni! Notre émir, qu’il ait une longue vie, nous a ordonné de construire (ce réservoir) au mois de Hijja de l’année 270. »

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(goramla.com)

Mais, je ne suis pas venue pour le marché ou pour la Piscine aux Arcades, j’ai rendez-vous avec Shlomo!
Shlomo est le président du Centre Karaïte Israélien, un homme charmant très désireux de me faire découvrir la pensée karaïte.
Du Karaïsme, je ne sais pas grand chose. Je sais seulement que cette branche du  judaïsme ne reconnait pas ce qu’on appelle la Thora Orale, la tradition, mais seulement la Thora Écrite, le texte biblique.
Quand nous nous référons  à la célèbre phrase des Pirkei Avot*: « Moïse a reçu la Thora du Sinaï et l’a transmise à Josué. Josué l’a transmise aux Anciens, et les Anciens aux Prophètes, ceux ci l’ont transmise à leur tour aux hommes de la grande Assemblée », il s’agit pour nous du texte écrit du Tanakh mais aussi de ses commentaires qui en sont la grille de lecture. Pour les Karaïtes en revanche, il ne s’agit que du texte écrit.
Shlomo m’explique que pour les Karaïtes, la Thora Orale est apparue après la destruction du Temple alors que nous nous trouvions en exil. Ils ne contestent pas son intérêt. Elle fut l’un des moyens employés pour sauvegarder l’unité du peuple et de la pensée juive après la perte de notre indépendance politique et  la dispersion d’une grande partie de notre peuple. Ce qu’ils contestent, c’est son autorité absolue.

– Mais alors, dit l’ignorante que je suis, vous n’avez pas de tradition herméneutique de la Thora?

Rien d’aussi simpliste! Pour comprendre le texte de la Thora et pratiquer le judaïsme au quotidien, les Karaïtes se basent sur trois critères: le sens du texte, la logique des mitsvot et leur tradition orale.

1- Le sens du texte:
– Il est écrit dans le livre de l’Exode: Vous ne ferez pas brûler de feu dans toutes vos demeures le jour du Shabbat » (Exode 35, 3)
Cette ordonnance est respectée à la lettre. Le Shabbat, les Karaïtes  ne s’autorisent aucun accommodement pour chauffer la nourriture ou pour se chauffer eux-mêmes. Ils mangent donc chaud le vendredi soir (les plats étant mis au chaud dans un four qu’ils éteignent juste avant la tombée de la nuit) et froid le shabbat à midi.
– Dans le livre des Nombres, Dieu nous ordonne d’avoir des franges aux coins de nos vêtements: « Parle aux enfants d’Israël, et tu leur diras de se faire des tsitsit aux coins de leurs vêtements, à travers leurs générations, et ils mettront sur le coin de chaque tsitsit un fil de tekhelet. »
Le tekhlet, תכלת, est une nuance de bleu. Malheureusement, pendant des siècles, personne ne souvenait d’où provenait le tekhelet, ni de quelle plante ou de quel animal on pouvait le l’obtenir. Nos Tsitsit furent donc blancs. Les Karaïtes suivent le texte au plus près et utilisent des fils simplement teints en bleu. Ces dernières années, la découverte du ‘Hilazon, חילזון, petit mollusque méditerranéen dont on tire une teinture bleu azur et surtout l’analyse de fragments de tissus, datant de la révolte de Bar Kochba,  nous permettent maintenant de rajouter un fil de Tekhelet aux tsitsit.


(Présentation par le Dr Naama Sukenik de l’analyse de textiles trouvés dans les grottes de Wadi Murba’at. Ces textiles sont teint dans les trois couleurs mentionnées dans le Tanakh: Le tekhelet, azur, l’argaman, pourpre et Tolaat Shani, rouge cramoisi)

Les Karaïtes cependant restent sur leurs positions: têtus comme tous les Juifs, il préfèrent le bleu industriel, le ‘hilazon n’étant pas casher!

karaite_tzitizt_small(Tsitsit karaites, karaite-corner.org))

Leurs synagogues sont dépourvues de chaises. Ils prient debout, ou se prosternent et sont pieds nus. Car Dieu dit à Moshe dans Exode 3,5: « N’approche point d’ici! Ôte ta chaussure, car l’endroit que tu foules est un sol sacré! »

Karaites priere

(Prière a la synagogue karaïte de Beer Sheva, Jerusalem Post)

2- La logique du texte:
Dans le texte de la Thora, il est écrit: « Ces devoirs que je t’impose aujourd’hui…Tu les attacheras, comme symbole, sur ton bras, et les porteras en fronteau entre tes yeux » (Deut. 6,8). Le mot employé pour symbole est  תותפות (totaphot), mot qu’on ne trouve qu’une fois dans la Bible. Nos sages rabbanites ont déclaré qu’il s’agissait d’étuis à placer sur la tête et sur le bras.

tephilin Bob Dylan

(Même Bob Dylan porte les tephilin! A l’occasion de la Bar Mitsva de son fils, site http://onegshabbat.blogspot.co.il/)

Les Karaïtes comparent ce texte avec celui-ci dans Exode 13,9: « Et tu porteras comme symbole sur ton bras et comme souvenir entre tes yeux… » Il s’agit de la même Mitsva mais cette fois le mot תותפות (totaphot) signe,  est remplace par celui de זיכרון (zikaron) souvenir . En lisant la suite du texte on comprend que le souvenir est celui de la sortie d’Egypte. Les Karaïtes en ont déduit qu’il ne s’agissait que de l’obligation morale de se souvenir. Ils n’ont donc pas de Tephilin!

3- La tradition:
La circoncision: s’il est écrit dans la Thora Ecrite que les enfants doivent être circoncis, il n’est pas précisé quand. La date du 8 ème jour nous est donnée par une antique tradition qui date d’avant l’exil. Sur ce point, les Karaïtes sont d’accord avec nous.
Leur calendrier est légèrement différent du notre car ils préfèrent se fier à la maturité de l’orge dans les champs pour déterminer le début du printemps, qui est pour eux le début de la nouvelle année. C’est donc la nature et non un calendrier fixé qui déterminera la date de Pessah et par conséquent celle des autres fêtes. Ils ne célèbrent que les fêtes mentionnées dans le Tanakh. Ils ne fêtent donc pas Hannouka. Tant pis pour les Latkess!

Même s’ils contestent notre tradition orale,  ils s’appuient cependant sur les écrits de leurs sages.
Il est difficile de savoir quand ce mouvement a commencé, les Karaïtes prétendent s’être opposés depuis l’exil de Rome* à l’autorité de la Thora Orale. Pour d’autres, le schisme aurait été initié par Anan Ben David au 8 ème siècle. Anan ben David  s’était opposé à l’Exilarque* de Babylone sur des points de Thora mais, semble-t-il aussi, sur des questions de préséance. Ceci  ne m’étonne pas, on sait bien que si deux Juifs ont trois opinions au minimum, chacun d’entre eux dirige la communauté !
En tout cas, les Karaïtes refusent d’être identifiés comme les successeurs des Sadduccens* .

J’avais mille questions à poser à Shlomo mais trop peu de temps. Je lui ai quand même demandé comment les Karaïtes comprenaient la célèbre phrase « tu ne fera pas cuire le chevreau dans le lait de sa mère« .  Qui est la mère, la mère biologique du chevreau ou une femelle de la même espèce?
La réponse m’a surprise et intéressée: pour eux, il s’agit seulement d’éviter la cruauté envers les animaux. On ne doit pas arracher un petit non sevré à sa mère!
Donc bien qu’ils ne mangent aucun animal interdit et qu’ils observent une she’hita* encore plus sévère que la notre, ils peuvent déguster un cheeseburger ou une blanquette de veau si vous préférez!
Ce qui m’a le plus séduit chez eux, c’est leur « féminisme »:  la ketouba est un contrat entre deux parties et non pas une assurance vie donnée à l’épouse. Si l’un des époux refuse de divorcer et ne veut pas « libérer » son conjoint*, le Bet Din karaïte prend les choses en main et l’oblige à divorcer. Les femmes participent aux offices et peuvent étudier en vue de devenir rabbin. Il y a quelques siècles, une femme fut même nommée grand-rabbin.
Et enfin, qui est Juif pour les Karaïtes?
Celui dont le père est Juif! Ce qui les met en totale opposition avec les Rabbanites pour qui seule compte la mère.

Malgré toutes ces différences, les décisions de leur Bet Din sont reconnues par le Rabbinat israélien et lors d’un mariage entre Karaïte et Rabbanite, le couple décide sous quel régime il veut être marié.

Les Karaïtes ne sont pas très nombreux, environ 40 000 en Israel et 10 000 en dehors du pays. La plupart de ceux qui vivent en Israel viennent d’Egypte ou du Moyen-Orient. Le Centre Karaïte en Israel se trouve donc à Ramle.

Karaites synagogue de Ramle

Mais on les trouve aussi à Ashdod, Ashkelon et bien sûr à Jerusalem.

KaraiteSynagogue OldCity

(Synagogue karaïte de Jerusalem)

Il y a quelques moshavim karaïtes comme le moshav Matzlia’h ou le moshav Ranen dont les habitants sont venus de Libye au début des années 50.

Bien que les Juifs karaïtes et rabbanites se soient fortement opposés au cours des siècles, ils sont quand même restés en contact. Je voudrais citer ici les extraits d’une lettre écrite, au 19 ème siècle, par le Rav (rabbanite) Yaakov Sapir qui rapporte les paroles de Maimonide; « S’ils s’abstiennent de se moquer des paroles de nos Sages…nous sommes tenus de les respecter, de circoncire leurs fils, d’enterrer leurs morts et de présenter nos condoléances aux endeuillés ».

Certains Karaïtes qui vivaient en Turquie sont partis en Russie, certains jusqu’en Lituanie. Pour échapper aux mauvais traitements que le gouvernement de Tsar infligeait aux Juifs, ils ont réussi à se faire déclarer non-Juifs au 19 ème siècle*. Cela leur sauva la vie lorsque les nazis envahirent la Russie.  De nombreux Juifs de ces régions falsifièrent alors leurs papiers* pour passer pour Karaïtes jusqu’à ce que les nazis s’en aperçoivent et exigent des rabbins karaites la liste exacte des membres de leur communauté. Dans les régions où sévissait cependant essentiellement la Shoah par balle*, les paysans non-Juifs les dénoncèrent comme Juifs et ils finirent eux-aussi dans les fosses communes.

En 2003, pendant la guerre contre l’Irak, les soldats américains trouvèrent de nombreux manuscrits juifs,karaïtes ou rabbanites, dans un bâtiment de la sinistre Mokhabarat, la police secrète irakienne.

Certains étaient récents, dataient de 1941 et provenaient du grand Farhoud de Baghdad*. D’autres très anciens avaient été pillés ça et là. Parmi eux, des trésors de différentes communautés juives karaïtes et rabbanites. L’armée américaine les emporta aux USA avec l’accord des autorités locales et les donna à restaurer.
Malheureusement, l’administration Obama a l’intention de les retourner à l’Irak sans vouloir comprendre qu’ils sont la propriété et le trésor culturel d’une communauté juive qui a fuit l’Irak et non pas celle de leurs bourreaux!

A bientôt,

* Ramle:   https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2013/08/02/les-generations-oubliees-3/

* Pirkei Avot ou Maximes des Pères: Texte de la Mishna

*l’Exilarque était le représentant de la communauté juive de Babylonie devant les autorités locales pendant toute la période talmudique et même au delà, jusqu’au 11 ème siècle environ.

*L’exil de Rome: la période qui vit partir de nombreux Juifs en exil, emmenés en esclavage par les Romains essentiellement en Europe. Les communautés juives de la Diaspora sont encore dans l’exil de Rome.

*Sadduceens ou Tzadokim, צדוקים, groupe juif de la période du Deuxième Temple, opposé politiquement aux Pharisiens et qui a disparu avec la destruction du Temple en 70 de l’ère chrétienne: Il semblerait qu’ils refusaient l’autorité de la Thora Orale ou en tout cas l’interprétation pharisienne. Les Juifs rabbanites sont les descendants des Pharisiens.

*Le divorce juif est un divorce par consentement mutuel. Dans la réalité, l’homme dont la femme ne veut pas divorcer arrive à se « libérer » de sa femme. Le contraire est malheureusement impossible. En Israel, les maris qui ne veulent pas libérer leur épouse sont punis par une loi appelle Loi des Sanctions: compte bancaire bloqué,confiscation de biens, interdiction de sortie du territoire,  et peine de prison jusqu’à ce qu’ils cèdent.

*voir l’article:   https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2013/09/24/la-ferme-dubrovin/

*Dans l’empire soviétique, la carte d’identité indiquait la nationalité des individus. Il existait une nationalité juive.

*la Shoah par balles:   https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2013/04/07/tout-homme-a-un-nom/

* Le grand Farhoud de Baghdad:   https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2013/03/08/et-vous-quand-avez-vous-quitte/

La ferme Dubrovin

Cette semaine tout le monde sort, se balade, s’amuse. C’est la semaine de soukot!
Nous, nous sommes simplement sortis nous promener en ville, à l’ancienne gare (https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2013/06/05/lancienne-gare-de-jerusalem/).

Une foule nombreuse se pressait sur le deck installé sur les voies, pour une dégustation de vin du Golan ou de Judée, de miel, de fromages, en particulier un excellent chèvre du kibbutz Sde Eliahou (https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2013/07/28/sde-eliahou/). Beaucoup étaient venus pour danser…

gare jerusalem 3

ou prendre un verre dans la souka de la gare dans un ancien wagon.

souka gare jerusalem

Mais ces jours prochains, je repartirais bien pour une nouvelle ballade dans le Nord. Il y a tant a voir!..

Quand on va de Kyriat Shemona à Metula en Haute-Galilée on remarque un panneau sur la route: Ferme Dubrovin. Un petite route secondaire nous emmène en direction du lac Houle vers une ancienne ferme devenue musée où on nous raconte les aventures de la famille Dubrovin.

famille dubrovin
Les Dubrovin sont arrivés de Russie en 1909 et se sont installés en Haute-Galilée. Rien que de très banal, sauf… que les Dubrovin à l’origine n’étaient pas Juifs.
C’est une histoire peu commune que celle-ci: au milieu du 19 ème siècle, le patriarche, Stanislav paysan russe illettré, décide d’apprendre à lire dans le seul livre disponible, la Bible, et commence à se détacher des coutumes orthodoxes.
Il rejoint finalement un groupe de chrétiens judaïsants, persécutés par le pouvoir tsariste et l’Eglise orthodoxe dont ils se sont séparés dès la fin du 18 ème siècle. On les appelle les subbotnik, ceux qui respectent le shabbat, en russe subota (суббота). Malgré les accusations portées par l’évêque du district de Voronej, aucun juif n’a pu les influencer, il n’y en a aucun dans la région*…Bref, Stanislav devient subbotnik pour finalement se convertir au judaïsme et s’appeler Yoav.

En 1909, il n’est déjà plus tout jeune, mais il décide de venir s’installer en Palestine ottomane. il emmène sa famille avec lui et s’installe à côté du lac Houle car dit-il « cette plaine et ces marécages me rappellent ma Russie natale« .

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Les pionniers de la région sont impressionnés par le travail que fournissent les Dubrovin « Lorsque j’ai vu la famille Dubrovin au travail, avec le père, Yoav, âgé de 64 ans, homme robuste et travaillant la terre comme s’il avait 25 ans, avec ses quatre fils, imposants comme des chênes et ardus au travail, me vint l’idée de les inviter à venir s’installer à Yessod-Hamaala » écrit l’un deux*. 

Les Dubrovin construisent donc leur ferme à Yessud Hamaala « la fondation de l’alya » , moshav dont le nom est tiré d’une phrase du livre d’Ezra (9.7).

yessod hamaala

La région est fertile mais très insalubre à cause de la malaria, endémique sur ces terres marécageuses. De nombreux pionniers en meurent et il faudra attendre les années vingt pour que soit complètement terminé le drainage des marais, reconvertis en terres agricoles.

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Yoav perd plusieurs de ses enfants et petits enfants de la malaria. Une partie de la famille s’installera alors à Rosh Pina, plus salubre,

rosh pina

mais il y aura des Dubrovin à Yessod Hamaala jusque dans les années 60 où la famille donnera la ferme au KKL qui la restaurera et la transformera en musée.

ferme dubrovin

Et les enfants d’aujourd’hui peuvent imaginer comment vivaient leurs ancêtres pionniers:

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Histoire peu banale? Certes mais qui m’a fait penser à celle des Juifs de San Nicandro:  dans la région des Pouilles, en Italie du Sud, un paysan illettré apprend à lire dans la Bible (cette fois on est à  la fin de la première guerre mondiale) et entraîne un groupe de villageois à judaïser avec lui.
san nicandro
La plupart se convertissent au judaïsme en 1945* et font leur alya dès la création de l’état d’Israel!

enfants de sqn nicqndro en galilee 1950

(enfants de San Nicandro en Israel en 1950)

Entre l’histoire des Karaites de Crimée qui ont tout fait pour qu’on ne les reconnaisse plus comme Juifs (https://bokertovyerushalayim.wordpress.com/2013/08/02/les-generations-oubliees-3/), celles des Subbotnik, celle de San Nicandro, qui a dit que l’histoire des Juifs était simple?

A bientôt,

*Les Juifs ne pouvaient pas habiter le Russie jusqu’à la révolution de 1917. Seuls leur étaient réservés les territoires dits de résidence qui se trouvaient à l’extrémité ouest de l’empire, essentiellement en Ukraine ou en Biélorussie. Ils avaient été expulsés du territoire russe lui-même par Ivan III (1462-1505) à la suite de la conversion de membres de la famille royale au judaïsme, conversion attribuée aux quelques Juifs résidents en Moscovie.

*Il s’agit de Haim Margaliot Kalvaritsky, membre des ‘Hoveve Tsion

* Ils avaient pris contact avec le grand-rabbin de Rome en 1938, juste au moment de la promulgation des lois raciales en Italie. Celui-ci leur a conseillé d’attendre pour leur sécurité.

Les générations oubliées (3)

guerrier abbasside

–  » D’ici, j’ai une vue imprenable sur les travaux. Notre ancien  calife, Abd El Malik, avait érigé un  mausolée, une construction intéressante avec son dôme recouvert de plomb *. Pour ne pas être en reste,  notre calife actuel, Suleyman, a décidé de construire une belle mosquée. Il veut la nommer « la lointaine » (el Aksa). C’est vrai qu’on est bien loin de tout ici et, entre   nous, j’ai vu des régions bien plus fertiles que ces montagnes pelées. Si seulement je pouvais être envoyé en garnison dans la capitale, à Damas!…

Ce que je comprend mal, c’est  l’intérêt d’avoir construit un petit bâtiment entre les deux. On m’a dit que c’était une synagogue*. Pourquoi donc construire une synagogue? En fait, ça ne m’étonne  qu’à moitié: Omar etait une homme très intelligent et il essayait de se concilier tous les dhimmis* du coin. Quand il est arrivé, les Juifs ont rappliqué aussitôt. « Omar, ont-il  crié, enlève la montagne d’immondices que les chrétiens ont accumulé à coté de notre mur pendant des siècles! » Une décharge d’ordure en pleine ville? Omar l’a faite raser tout de suite et, bon prince, il a autorisé les Juifs à revenir dans la ville. Bon prince, oui, mais pas idiot non plus. Il n’a permis qu’à 70 familles juives de s’installer. C’est vrai, avec les Juifs,  il faut toujours se méfier. Il parait qu’ils veulent reconquérir leur pays et retrouver leur indépendance! Pour des dhimmis, il relèvent bien trop la tête à mon avis! »

La ville de Jerusalem est assiégée par le calife Omar en 637 et se rend un an plus tard, au printemps 638. Le calife Omar laisse vivre les non-musulmans mais leurs conditions de vie sont difficiles, en particulier celle des Juifs, les moins nombreux, qui doivent supporter les exactions et des musulmans et des chrétiens.
En 748, un tremblement de terre important provoque de nombreuses destructions dans la région de Tibériade et les yeshivot de Galilée sont autorisées à venir s’installer à Jérusalem. La communauté juive de la ville commence alors à prospérer et devient le centre spirituel du Yishouv. Le chef des yeshivot, le Gaon, est à la fois le décisionnaire religieux et le représentant de tous les Juifs de Palestine. Sa charge est héréditaire et il est toujours choisi parmi les descendants du roi David.

La dynastie régnante, les Ommeyades, a pris pour capitale Damas, mais n’en délaisse pas pour autant les autres régions conquises. Elle embellit Jérusalem et va fonder une nouvelle ville dans les dunes de sables à coté de Lod qui s’appellera d’ailleurs Ramle (sables). C’est  la seule ville fondée par les Arabes en Palestine.

Au fur et à mesure que les conquérants musulmans se succèdent dans le bruit et la fureur (les Ommeyades chassés par les Abbassides et ces derniers par les Fatimides!), la situation des Juifs d’Eretz Israel se détériore. Les Fatimides qui régneront jusqu’à la conquête des Croisés, les imposent de plus en plus lourdement. Beaucoup sont obligés de quitter leurs terres et de se réfugier dans les villes mais même là…  « Il n’est pas d’autre recours que de nous unir et de nous soumettre et prier pour la grâce du retour à Jérusalem  »  lit-on dans un document trouvé dans la guenizah* du Caire. Les Juifs vivotent comme fabricants de calames et de parchemins, teinturiers, tanneurs et forgerons.
Dans le Nord, près du lac Houle, ils sont tisseurs de nattes et de cordes.

le lac houle 2

(le lac Houle au pied du Golan)

Pourtant dès le 8 ème siècle, les Juifs de Tibériade reprennent le dessus.
Leurs yeshivot s’attaquent à la troisième étape d’un travail de survie qui avait commencé bien longtemps auparavant, environ 500 ans avant l’ère chrétienne, lors de l’exil de Babylone. Le peuple, privé de sa terre et de son centre spirituel, le Temple,  avait alors créé un judaïsme où les prières remplaçaient les sacrifices.
La deuxième étape de ce travail de survie avait débuté à la destruction du  Temple en 70 de l’ère chrétienne avec la rédaction de la Mishna et de la Guemara, c’est à dire de l’écriture de la Tradition Orale afin d’en sauvegarder l’unité.
Ici donc, ce travail en est à sa troisième étape. Cette fois, il s’agit de sauvegarder l’unité de la langue et de sa prononciation. Les yeshivot vont donc établir un système de grammaire très élaboré et créer un ensemble de signes de vocalisation qui permettront  à tous les Juifs de continuer à  lire, écrire et parler la même langue.

ecriture massoretique(dans cette phrase  les lettres-consonnes sont en noir, les voyelles et signes grammaticaux en rouge et les signes de cantillation en bleu)

A Tiberiade, se succèdent alors plusieurs générations de grammairiens dont les plus célèbres sont issus de la famille Ben Asher . L’un d’entre eux en particulier est l’éminent Aaron ben Moshe Ben Asher (mort en 960) qui écrivit le premier livre de grammaire hébraïque. Il est surtout connu pour avoir rédigé les signes de vocalisation et de cantillation du fameux Codex d’Alep* (en hébreu כתר ארם צובא )
Le Codex d’Alep est  la plus ancienne version vocalisée du Tanakh. Bien que le texte du Tanakh ne soit pas complet (il manque une grande partie de la Thora), c’est la version la plus fiable et ancienne du texte biblique, présenté avec ses signes de vocalisation et cantillation. C’est d’ailleurs d’après ce Codex que Maimonide édictera les règles exactes de la rédaction des rouleaux de la Thora.

codex d alep

Les Massorètes de Tibériade sont si célèbres qu’un texte du 10 ème siècle nous dit que parmi les Juifs de la diaspora « s’il s’en était trouvé qui auraient souhaité discuter des questions de syntaxe et de grammaire, il n’auraient parlé que du style d’Eretz Israël et de rien d’autre… »

A cette même époque, s’implante à Jerusalem un groupe de Juifs karaïtes qui rejettent toute la tradition orale du judaïsme. Ils sont évidemment en conflit permanent avec les autres. Ils n’arriveront jamais à s’imposer (sauf en Egypte) mais feront toujours partie du paysage juif.

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(Synagogue karaïte à Jerusalem )

Certains ont dit que Ben Asher était lui-même un karaïte . Rien n’est moins sûr mais cela pourrait peut être expliquer pourquoi fut trouvé chez les Karaïtes de Damas un autre texte, fidèle à la tradition massorétique et transcrit à partir d’un manuscrit d’ Aaron ben Moshe Ben Asher. Contrairement au Codex d’Alep, ce deuxième texte du Tanakh est complet. Emporté en Russie par un collectionneur karaïte,  Abraham Firkovitch, en 1848 et transféré à la bibliothèque impériale de Saint Petersbourg,  il aura  la chance de survivre à la révolution bolchevique et au siège de la ville par les Allemands en 1941. Il est connu sous le nom de Codex de Leningrad.

codex leningrad

(page de couverture du Codex de Leningrad)

Enfin, malgré les difficultés de la vie en Eretz Israel, malgré les interdictions répétées des conquérants aux Juifs de la Diaspora de venir s’installer dans le pays,  se dessine à cette époque un important mouvement d’alya: « Les pleureurs de Sion ». Ces « pleureurs de Sion » vont arriver de tout le Moyen Orient et en particulier de l’Irak actuel. Ils s’installent à Jérusalem, Ramla, Tiberiade, dans différentes villes de la côte mais aussi à Soussia, au sud d’ Hébron dans les monts de Judée, bourgade prospère pendant plusieurs siècles et qui disparaîtra entièrement sans doute à la suite d’une épidémie  au 11 ème siècle.

Voici ce qui reste de la porte de la ville:

porte_de_soussia

(photo trouvée sur le site tiyoul-tov.org)

et le sol en mosaïque de la synagogue:
soussia mosaique

Malheureusement pour les Juifs, les Turcs seldjoukides conquièrent Jerusalem en 1071 ce qui entraînera la première croisade…

A bientôt,

* dhimmi: monothéiste non-musulman ayant le droit de vivre en payant un impôt spécial et soumis à des lois discriminatoires

*Cette synagogue ne sera détruite qu’en 1099, lors de la prise de la ville par les Croisés.

*Situé au-dessus de l’emplacement du Temple d’antan, le Dôme du Rocher fut construit par le chef musulman Abd El-Malik entre 688-691. Pour cause de son emplacement sur un lit de pierre, les nombreux tremblements de terre au travers des siècles n’ont pas causé de dommages importants au bâtiment (contrairement à sa voisine, la Mosquée d’Al Aqsa). Le sanctuaire fut couvert de plomb dès 691 jusqu’à son remplacement par un revêtement de coloris doré en 1965. A cause de la rouille, le revêtement d’aluminium anodisé fut encore changé en 1993 par un revêtement en or.

*Le codex d’Alep était la propriété de la communauté juive d’Alep. En 1947, lors des émeutes anti-juives qui avaient éclaté en Syrie après la décision de l’ONU de créer un état juif sur une partie de la Palestine, une partie du Codex a disparu lors de la mise à sac de la synagogue. Ce qui restait a été caché par la communauté juive de Syrie jusqu’à ce qu’il puisse parvenir en Israel en 1958

* Certains Karaites partiront en Crimée et en Lituanie. Dans ces deux dernières régions, ils arriveront, à la fin du 18ème siècle, à se faire reconnaître comme non-juifs par les autorités russes, ce qui leur  leur sauvera la vie pendant la Shoah.