On est déjà dans le mois de Av, le 5e mois de l’année civile qui commence à Rosh Hashana et le 11 ème de l’année religieuse qui commence à Pessah. Nous avons 4 nouvel-ans. Les juifs sont des gens compliqués. On y reviendra.
Vous savez que dans la Bible les mois n’ont pas de nom ? Quand on a été exilés à Babylone (et ça ne nous rajeunit pas), on a tout simplement piqué les noms des mois aux Babyloniens, qui les avaient nommés d’après leurs dieux. Et dire que certains pensent que l’assimilation c’est une chose moderne, que nenni!
C’est un mois triste comme le mois de Tammouz qui vient de se terminer. Ces deux mois-là ont vu la destruction du temple de Jérusalem par deux fois, la première par les Babyloniens et la deuxième par les Romains : On jeûne le 9 de ce mois en souvenir de cette destruction mais… le Messie naîtra ce jour-là et alors viendra la consolation, espérons le!
On lit des textes tristes comme le Psaume 137 :
« Près des fleuves de Babylone, là-bas, nous étions assis et nous pleurions en nous souvenant de Sion.
Aux saules de la contrée nous avions suspendu nos lyres.
Là, nos vainqueurs nous demandaient des chants ; nos bourreaux, de la joie :
«Chantez-nous des chants de Sion !»
Comment chanterions-nous le chant du Seigneur
sur une terre étrangère ?…
Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite oublie !
Que ma langue s’attache à mon palais si je ne me souviens pas de toi, si je ne mets pas Jérusalem au-dessus de toute autre joie.
Le voilà interprété avec la musique de Salomone Rossi, compositeur juif italien du 17 ème siècle :
http://www.youtube.com/watch?v=-oTpljAtJr8&feature=related
Et plus moderne:
http://www.youtube.com/watch?v=mEav7RM0KO8
En fait, aujourd’hui nous sommes le jour de Tisha Beav : depuis hier soir des milliers de gens jeunent et prient. Certains ont prié et étudié toute la nuit, entre autre le livre des Lamentations du prophète Jérémie.
Et chez ceux qui ne prient pas et ne jeûnent pas, un phénomène nouveau est apparu depuis quelques années : Consacrer la nuit de Tisha Beav a des réflexions sur notre comportement moral, puisqu’on dit que si le Temple a bien été détruit par des envahisseurs, ce fut en raison de la haine gratuite qui existait entre les Juifs
La radio et la télévision donnent de programmes lies au Temple, à Jérusalem, a l’éthique, bref de quoi réfléchir.
Mais ne restons pas sur une note triste.
Comme disait le Roi Salomon il y a un temps pour pleurer et un temps pour rire : le 9 du mois on jeune et on pleure sur la destruction du Temple soit, mais le 15 on fait la fête !
C’est la fête de l’Amour !
On raconte qu’autrefois, les jeunes filles allaient, vêtues de blanc, danser dans les vignobles ou les attendaient… les garçons !!!
De nos jours, comme ce n’est pas pratique de danser dans les vignobles et que les vignerons furieux parleraient de cultures endommagées, de compensations etc…Et comme en plus on rencontre souvent son amoureux (ou -reuse) sur internet, Tou BeAv est devenu la fête des amoureux et donc le jour où il faut se marier (si on y arrive !).
Pourquoi si on y arrive ? Parce qu’en général les réservations pour le 15 Av sont pleine un an à l’avance et si on a tant soit peu hésité sur la robe ou le conjoint… on trouve une autre date !
Et puis, si franchement le mariage ne vous convient pas, ne vous sentez pas obligés.
Vous pourrez toujours rompre en chantant sans vergogne :
« Avec ces mains, je n’ai pas encore bâti de village, je n’ai pas encore trouve de l’eau au milieu du désert, je n’ai pas encore peint de fleur ni découvert où et comment ce chemin m’emmènera.
Je n’ai pas encore assez aimé, le vent et le soleil sur mon visage, ni assez parlé, et si ce n’est pas maintenant alors quand ?
Je n’ai pas encore planté de pelouse ni bâti de ville, je n’ai pas encore planté de vigne sur chaque colline, je n’ai pas encore tout terminé, vraiment de mes mains, je n’ai pas encore tout essayé et je n’ai pas encore assez aimé :
Je n’ai pas encore fondé de tribu, ni composé de poème, je n’ai pas vu tomber la neige au moment des récoltes, ni écrit mes mémoires, ni même bâti la maison de mes rêves.
Et bien que tu sois là et bien que tu sois belle, je m’enfuis comme devant une épidémie.
Il y a encore trop de choses que je veux faire et je suis sûr que tu me pardonneras encore cette année. »
Dire que c’est une des plus célèbres chansons en Israël ! Y aurait-il des misogynes dans le coin ?
Écoutez-la :
http://www.dailymotion.com/video/xn89ih_noah-honik-od-lo-ahavti-day-yyyy-yyyyy-yyy-yy-yyyyy-yy_music.